Méditation de Sœur Véronique MARCRON
« Vous garderez mes décrets, vous les mettrez en pratique » (Dt 4, 1.5-9)
Lecture du livre du Deutéronome
Moïse disait au peuple :
« Maintenant, Israël, écoute les décrets et les ordonnances
que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique.
Ainsi vous vivrez, vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères.
Voyez, je vous enseigne les décrets et les ordonnances
que le Seigneur mon Dieu m’a donnés pour vous,
afin que vous les mettiez en pratique dans le pays où vous allez entrer pour en prendre possession.
Vous les garderez, vous les mettrez en pratique ;
ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples.
Quand ceux-ci entendront parler de tous ces décrets,
ils s’écrieront :
“Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation !”
Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ?
Et quelle est la grande nation dont les décrets et les ordonnances soient aussi justes que toute cette Loi que je vous donne aujourd’hui ?
Mais prends garde à toi :
garde-toi de jamais oublier ce que tes yeux ont vu ;
ne le laisse pas sortir de ton cœur un seul jour.
Enseigne-le à tes fils, et aux fils de tes fils. »
QUARANTAINE !?
Quarantaine : 40 ans comme les 40 ans d'errance pour le peuple hébreu avant de rejoindre Canaan et les 40 ans de règne pour les rois David et Salomon, ou encore les 40 jours où l’armée d’Israël doit faire face à celle des Philistins avant que le petit David, simple berger venu de Bethléem, arrive à l’improviste et accepte de combattre le colosse Goliath et apporte ainsi la victoire aux Hébreux. (Voir dans la Bible, le Premier livre de Samuel, chapitre 17).
Migrants, personnes âgées, gens trop différents... Qui mettons-nous habituellement en quarantaine ?
Ces quarantaines comme le temps pour Dieu de façonner notre cœur, de nous faire entrer dans une vie nouvelle. Telle la quarantaine de notre Carême : au bout de 40 jours, un homme sera vainqueur de la mort, ni héros ni costaud, mais Jésus qui sauve et relève.
Notre quarantaine, due au coronavirus, nous rappelle alors que notre humanité a toujours tremblé face aux épidémies. Malgré notre puissance technique, nos sociétés modernes restent absolument vulnérables. Nous n’avons, pas plus qu’hier, la maîtrise complète de notre destin.
Peut-être que ce temps imposé peut nous obliger déjà à nous interroger : qui mettons-nous habituellement en quarantaine aujourd’hui dans nos sociétés ? Migrants, personnes du grand âge, gens trop différents, inadaptés à la vitesse… Mais aussi dans notre Église ? Victimes d’abus, encore malgré les avancées récentes, situations non conformes…
Alors nous rendre solidaires d’elles en ces jours et regarder l’envers du monde. Celui-là même qui est l’endroit du monde pour Dieu. Lui qui est un Dieu de l’alliance, du don, du dépliement de lui-même, du lien. 40 jours pour nous ouvrir davantage, alors qu’il faut, très sérieusement, se confiner. Ouvrir ses entrailles, découvrir de nouvelles solidarités avec ses voisins plus isolés que soi peut-être. Ou une personne à la rue, proche de chez nous, plus démunie encore.
Prier et supplier, aussi, pour les patients, ceux du coronavirus et tous les autres qui ont impérativement besoin de soins, pour tous les soignants engagés dans cette guerre, spécialement ceux qui apparaissent les plus humbles : aides-soignants, personnels de service…
À nous ensemble d’observer les consignes de l’État pour n’exposer personne par désinvolture. Mais à nous aussi d’aimer plus encore et mieux encore et d’en trouver les chemins concrets.
Sœur Véronique MARCRON