"... Oui, chaque dimanche, nous sommes appelés à recevoir trois baguettes de pain (en quelque sorte)... "
MANGER POUR VIVRE !
Ces trois mots résument les trois textes qui nous sont aujourd’hui offerts pour célébrer, de façon particulièrement consciente, le beau sacrement du Corps et du Sang du Christ.
Oui, chaque dimanche, nous sommes appelés à recevoir trois baguettes de pain (en quelque sorte) :
= La première est celle de la Parole de Dieu : nous somme nourris par l’écoute de quatre textes de la Bible : la première lecture souvent de l’Ancien Testament, le psaume qui lui fait écho, la deuxième lecture souvent une lettre de Pierre ou de Paul ou de Jacques, et enfin l’évangile, la vie et le message de Jésus lui-même.
= Vient ensuite, la deuxième baguette, le pain de l'Eucharistie. Il est le seul repas dont Dieu Lui-même s'est fait le Serviteur, car Lui seul pouvait choisir de se livrer ainsi. Ce festin n'est pas le produit de notre imagination, il est pur don.
= La dernière baguette est une belle miche et pas la moindre. C'est celle de la communauté : le Jour du Seigneur est le jour de la communauté, le jour où nous recevons des frères et des sœurs avec qui prier.
Ainsi ce n'est pas en croyant qu'on devient petit à petit « pratiquant de la messe du dimanche », c'est en pratiquant la messe que Jésus fait grandir en nous, le croyant, jusqu'à ce que nous puissions dire à notre tour : « A qui irons-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ? »
Dégustons ces baguettes de pain en revisitant les lectures de ce jour :
LA PREMIERE LECTURE nous présentait le peuple de Dieu dans le désert, heureux d’avoir fui l’esclavage de Pharaon en Egypte ; peuple maintenant tendu vers la Terre Promise ; mais pendant la longue traversée du désert on a faim. La faim du ventre. Et Dieu donne la manne, ce pain venu du ciel, comme des galettes croustillantes.
Aujourd’hui encore la faim du pain quotidien existe : il y a encore 21 000 personnes qui meurent de causes liées à la faim chaque jour. Ce qui en totalisera 250 millions en fin 2020 à cause de la famine.
Et on pourrait élargir la réalité de la faim aux conséquences sociales et économiques dues aux conséquences de la pandémie du Coronavirus.
Dans la Bible, Dieu nourrit son peuple qui avait crié vers lui avec la force de l’intercession de Moïse.
Crions vers le Seigneur, nous aussi : même s’il ne nous envoie pas la manne, qu’il nous force au partage : il y a grandement assez de production pour nourrir toute la planète : la manne d’aujourd’hui.
AVEC L’EVANGILE SELON SAINT JEAN, c’est Jésus qui se donne en nourriture et qui nous demande de manger son corps et de boire son sang. C’est l’Eucharistie. Présence réelle du Seigneur dans le Sacrement de la messe. Dieu ne nous donne pas moins que son Fils mort et ressuscité pour nourrir notre vie de foi, pour vivre avec Jésus, pour vivre comme lui.
Peut-on alors croire que nous avons une vraie foi dans le Christ, si pour des prétextes trop faciles nous manquons au rendez-vous de son Eucharistie ? Des gens disent souvent : « je suis croyant, mais non pratiquant ». Il est vrai qu’en pratiquant la charité dans nos vies quotidiennes, nous sommes déjà proches du cœur du Christ. Mais peut-on vivre longtemps une vraie charité si nous négligeons de nous nourrir du Christ, de son corps qui est l’eucharistie, dans sa communauté réunie pour partager sa parole et son pain de vie ? Récemment, la cessation des offices religieux à la suite du coronavirus a fait ressentir à beaucoup la « faim » de l’Eucharistie vécue au cœur de la communauté rassemblée. Peut-être allons-nous mieux désormais redécouvrir la nécessité vitale de ce sacrement (et bien d’autres encore) dont parfois nous perdions un peu le sens en nous laissant habituer par la routine.
Et puis comme il est dommage que le sens du Dimanche se soit éteint dans nos pays riches, sacrifié sur l’autel des loisirs et des commerces ouverts. Le dimanche n’a plus le goût du bon pain de la messe et du repos pour tous. Notre Dieu c’est notre ventre ? Notre beau look ? Notre dernier smartphone ? ou que sais-je ? C’est ça qui nous nourrit nos contemporains ? Ce n’est pas quelqu’un ?
Mais bravo à vous qui êtes là, vous qui savez l’importance de ce jour où le Seigneur se donne à nous.
LA SECONDE LECTURE nous donne le sens de « ce que nous sommes ensemble », une communauté de chrétiens, diversifiée certes, mais nourrie du même pain, le corps du Christ. Une communauté que nous devons faire grandir en nombre et en qualité de relations. Dieu veut attirer à lui un peuple nouveau qui se renouvelle en se nourrissant de son Fils. Nous sommes membres du Corps du Christ.
Nous nous rapprochons les uns des autres, et nous sommes ensemble son Corps. L’Eucharistie est le sacrement de l’unité. Nous apprenons à regarder les autres non plus avec le regard du monde mais avec celui du Christ, un regard plein d’amour et de miséricorde.
Il nous rend capables d’aimer aussi ceux qui ne nous aiment pas. Avec lui, nous apprenons à nous opposer au mal par le bien, à pardonner, partager, accueillir. C’est là que nous trouverons la vraie joie.
Notre religion avec ses pratiques rituelles et sacramentelles n'est rien, elle est même une profanation, sans la justice et l'attention aux laissés pour compte.
Alors, et alors seulement, la communion au Corps du Christ sera pour nous germe de vie éternelle.
La fête du Saint Sacrement que nous célébrons en ce dimanche a été instaurée au treizième siècle. À l’époque, on communiait très peu. Certains pensaient que la présence de Jésus s’arrêtait à la fin de la messe. L’Église a réagi très fermement contre cette dérive. C’est ainsi qu’ont été organisées des processions au Saint Sacrement et des temps d’Adoration dans les églises.
Rendons grâce pour ce don extraordinaire de la bonté du Seigneur dans l’Eucharistie, et apprenons à recevoir toujours plus dignement celui qui se donne à nous par son corps et son sang.
Amen