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La Paroisse
Homélie du 6ème dimanche de Pâques
Homélie du 6ème dimanche de Pâques
© ND de la Bidassoa

| LAVIGNE 981 mots

Homélie du 6ème dimanche de Pâques

SIXIEME DIMANCHE DE PAQUES   C

 

Cela se passe dans un groupe de catéchisme d'un petit pays voisin. On est au temps de Pâques, à l’approche de la Pentecôte. La dame catéchiste fait une animation sur le Saint Esprit et après avoir développé son sujet, pose des questions aux élèves pour voir si ce qu'elle a présenté est bien compris. Et elle arrive à cette question essentielle : « Que fait le Saint Esprit quand il vient en nous ? » Il y a un moment de silence... Sans doute, pense la catéchiste, parce que chacun dans sa tête est en train d'énumérer les dons de l'Esprit ou les qualités qu'il imprime dans nos vies. « Que fait le Saint Esprit quand il vient en nous ? » Et voilà que le petit déluré de service lève le doigt et dit : « Madame, Il fait ce qu'il peut ! »

 

Cela aurait pu être une boutade, mais en fait je crois que notre petit rigolo a un sens assez pertinent des choses de la foi.

Dans nos vies, Dieu, en Jésus Christ et par l'Esprit, « fait ce qu'Il peut »

 

Cela veut dire deux choses, qui peuvent paraître paradoxales :

 

= Cela veut dire d'abord que Dieu fait beaucoup puisqu'il peut tout. « il fait ce qu’il peut ; il peut tout, il en a le pouvoir» : des merveilles bouleversantes et qui dépassent notre entendement. Nous devons tenir ferme cette affirmation de notre foi : Dieu est tout puissant et cette toute puissance s'exprime dans une relation d'amour et de liberté. 

Dieu peut et Dieu veut beaucoup pour nous. Tel est l'ordre de la foi, de l'espérance et de l'amour.

Mais la foi, l’espérance et l’amour prennent du relief, de la consistance, non pas dans les livres de théologie, mais dans le concret de l'existence de tous les jours, dans les petits défis quotidiens. Cette foi, cette espérance et cet amour se vérifient et se faufilent dans les petits riens de chaque jour, dans les courages de tout instant… et même dans les mesquineries.

 

= Et nous voilà dans l’autre signification de l’expression : l’Esprit Saint fait ce qu'Il peut.

C’est affirmer qu'il se heurte aux résistances que nous mettons à son action. Le péché que le démon suscite en nous nous fait perdre notre état primordial d’intimité avec Dieu. C’est pourquoi le Christ est venu dans le monde, afin de le sauver, de le restaurer encore plus beau qu’avant.

La fête de Pâques nous apprend bien cela : Dieu déploie par Jésus et dans l'Esprit Saint une vie toute puissante dans notre monde déjà et pour le monde à venir.

Mais nous nous laissons séduire par l’esprit du mal sous toutes ses formes…

Et bien parce qu'Il est toute puissance d'amour et de liberté, et non l'horloger froid de sa création, ni l'ogre ardent dévoreur de sa créature, Dieu fait ce qu'Il peut dans nos vies.

 

C'est ici que l'on peut se demander très concrètement pourquoi une telle distance entre le plan de Dieu et les projets concrets des hommes. Car enfin il semble que nous voulions la même chose. Je veux mon bonheur et le bonheur des miens. Dieu veut aussi mon bonheur et le bonheur des miens. Je veux réussir ma vie. Dieu veut aussi que je réussisse ma vie. Je veux être bien dans ma peau et que les gens autour de moi soient bien dans leur peau. Est-ce vraiment différent du projet de Dieu sur lequel il pourrait exercer sa toute-puissance ? Bien sûr que non.

 

Jésus connaît notre humanité. Il est Dieu et dans sa résurrection, il est sorti victorieux de tout ce qui détruit, avilit et empêche la réalisation de toute humanité.

On dirait que ce qu’il fait, finalement il ne le fait pas.  Et c'est bien là qu'Il met notre foi à rude épreuve : Il ne le fait pas « à la manière du monde » nous dit l’évangile.

 

Dans la Parole que Jésus nous laisse ce dimanche, Il nous fait comprendre ce message : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ».

N'est-ce pas ce que nous recherchons tous, depuis la banalité quotidienne qui nous assourdit de bruit, de stress et d'agitation jusqu'à notre intimité même, lorsque nous luttons avec nos peurs cachées, avec nos angoisses existentielles et spirituelles ?

Jésus tout puissant, ressuscité dans la vie, déployant la force de son Esprit qui donne vie, Jésus nous laisse la paix, nous donne sa paix. Mais Il nous dit : « Ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne ! »

 

Quelle est donc cette manière du monde de créer, de donner la paix ? La paix selon la manière du monde, n'est-ce pas la paix des cimetières, voire les cimetières du cœur et de l'égoïsme qui nous laissent plus froids que le marbre ? Là n’est pas la paix, c’est de l’indifférence…

 

Ce n'est pas de cette manière-là que Dieu veut déployer l'œuvre de son Esprit. Dieu, c'est la paix qui, entre les peuples, se nourrit des richesses et de la pauvreté de l'autre. C’est la paix qui dans les relations sociales, invite l'autre à venir partager toute la beauté et la misère de mon jardin intérieur. C'est la paix qui dans les relations de famille ou de communauté, trouve son harmonie dans le service respectueux des qualités et des défauts de l'autre. C’est ainsi qu’on construit la paix avec le Seigneur qui nous dit : « Je vous donne ma paix »

 

Chaque jour Dieu fait ce qu'il peut. Il nous donne les pierres de construction ajustées, taillées, polies. Mais nous, au lieu de faire des ponts, on les entasse comme de piètres protections autour de nos fragiles personnes.

 

Mes amis, au lieu de crier vers le ciel pour que le Dieu tout puissant fasse quelque chose pour sa terre et notre terre, ouvrons les yeux, retroussons les manches et mettons-nous à l'ouvrage.

 

L'Architecte, le Maître d'œuvre a beau être aussi génial que le Saint Esprit, quand les maçons s'obstinent à ne pas savoir lire les plans... alors Dieu ne fait que ce qu'il peut !

                                                                                                                       Amen

 

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