6ème DIMANCHE DE PAQUES B
Ce dimanche se situe à quelques encablures de l’Ascension et de Pentecôte, au cœur-même de notre foi en Christ ressuscité.
= L’Evangile de ce jour, en St Jean, nous relate le dernier entretien de Jésus avec ses apôtres, après son dernier repas où il leur avait lavé les pieds… et avant sa mort sur la croix :
Il prononce 12 fois le mot aimer et ses variantes : amour et ami.
AIMER dans un mouvement incessant et magnifique partant de Dieu qui AIME Jésus ; puis de Jésus qui nous AIME et enfin de nous qui devons AIMER COMME JESUS.
Et cela ne doit jamais s’arrêter : c’est pourquoi le Christ dit : MON COMMANDEMENT LE VOICI : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
C’est un COMMANDEMENT… parce que pour lui, c’est une urgence… il ne peut pas remettre à demain ce commandement de l’amour… Il nous le demande avec instance ; il nous le commande. Il nous passe une commande : à nous de fournir ce qu’il attend de nous. A nous de vivre cette vocation commune à tous, laïcs, consacrés, prêtres : la vocation à AIMER, à AIMER en se donnant.
Le Christ insiste pour que cet amour soit vécu d’abord entre eux, les apôtres, ses intimes ; et par conséquent cet amour doit être vécu d’abord entre nous chrétiens… sinon nos célébrations et nos actes d’évangélisation n’atteindront personne ; nous resterons à nous morfondre entre nous, comme des sardines dans leurs boites, comme des piments au vinaigre au fond de leur bocal (c’est le pape qui le dit ; pas moi) … Notre témoignage sera un contre-témoignage.
Vous savez, les non pratiquants savent ce que nous vivons entre nous ; ce qui est cohérent et ce qui est choquant.
Or nous sommes une Eglise pour eux, une Eglise pour le monde, une Eglise qui doit briller de l’Amour que Dieu nous donne.
St Vincent de Paul le disait bien :
« Comment donner la charité aux autres, si nous ne l’avons pas entre nous ? Observons si nous l’avons, non pas en général, mais si chacun l’a en soi, s’il l’a à la mesure nécessaire ; parce que si elle n’est pas brûlante en nous, si nous ne nous aimons pas les uns les autres comme Jésus Christ nous a aimés et si nous n’accomplissons pas d’actes semblables aux siens, comment pourrions-nous espérer diffuser un tel amour sur toute la terre ? Il n’est pas possible de donner ce que l’on n’a pas.
La première lettre de St Jean (deuxième lecture) le disait aussi : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu… celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu car Dieu est amour. »
Aidons-nous spirituellement à vivifier le don de l’Amour qui vient de Dieu ; c’est pour cela que nous sommes ensemble, en paroisse, c’est pour cela que les prêtres vous sont donnés… oui l’Amour qui vient de Dieu et qui nous est donné est un trésor à accueillir, à contempler et à partager. Nous sommes aimés et nous devons aimer.
= L’évangile se conclut par cette belle parole d’envoi de Jésus aux apôtres, mais aussi à nous ses disciples d’aujourd’hui :
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. »
En lisant les évangiles, nous apprenons comment Jésus est entré en contact avec toute personne. Il a souri aux enfants, aimé le jeune homme riche, montré de la compassion envers les pécheurs repentants, pleuré pour son ami Lazare mort, pardonné sur la croix à ses persécuteurs… Cette série d’attitudes et de paroles de Jésus manifeste comment il est allé vers ses contemporains pour que le fruit de l’amour demeure toujours.
Dans cet homme Jésus, le mouvement d’amour commence à se répandre sur l’humanité. Mais n’oublions pas que le « je vous aime » de Jésus a pris la forme d’une Passion, une grande passion d’amour fou et infini : « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à l’extrême »...
Mais le grand fleuve de l’amour divin ne s’arrête pas. La chute d’eau, en arrivant au sol, s’étale, s’étend et rejaillit. Il faut que les hommes, en étant tendrement aimés de Dieu, deviennent aimants à leur tour. « Aimez-vous les uns les autres ». Tous, sans exception, même l’ennemi, celui qui me veut du mal, pour rien, par méchanceté, même celui-là doit être respecté. La qualité, le degré de mon amour est d’aimer comme Jésus nous a aimés. Avec le secours de la grâce, il est possible de descendre dans un tel abîme, l’abîme même du coeur du Dieu incarné. Quand j’aime, quand nous nous aimons, il fait Dieu, il fait « beau temps » parmi les hommes.
Qu’en ce mois de mai, mois de Marie, notre Mère et la Mère de l’Eglise nous accompagne tendrement sur ce chemin de l’amour.
Amen