Homélie du 21 novembre 2021
Chers frères et sœurs,
Nous célébrons aujourd’hui la solennité du Christ, Roi de l’Univers. Cette fête, qui clôture l’année liturgique, a été instituée par le pape Pie XI, le 11 décembre 1925, pour soutenir le combat de l’Eglise contre les idéologies politiques et sociales du monde moderne ; et restaurer la souveraineté du Christ sur le monde. En ce jour, la célébration de cette fête nous interpelle aussi : qu’est-ce qui a de l’emprise sur ma vie aujourd’hui ? Qu’est-ce qui règne sur moi, mes amitiés, ma famille, notre monde ? Est-ce le Christ ou quelque chose d’autre ?
Dans les textes que nous propose la liturgie de cette solennité, nous allons aborder la notion de royauté sous plusieurs formes.
Effectivement dans la première lecture tirée du livre de Daniel, nous lisons ceci : ‘‘Je vis descendre avec les nues du ciel, un fils d’homme à qui fut donnée domination, gloire et royauté’’. Cette vision de Daniel n’a pour objectif que de consoler et de redonner espoir au peuple de l’Alliance torturé par les douleurs de l’envahisseur. Cette vision de Daniel rejoint également chacun de nous aujourd’hui dans nos diverses situations de la vie pour nous encourager et nous fortifier. Ainsi dans les tribulations, les situations angoissantes que nous traversons, puissions-nous savoir garder l’espérance en un avenir meilleur. Oui ! Mon cher ami qui m’écoute, sache à présent que quel que soit le gouffre dans lequel tu te trouves, l’espoir est encore permis si tu acceptes et reçois la main secourable du Seigneur. Ce secours du Seigneur, saint Jean nous l’exprime dans l’extrait de l’Apocalypse que nous venons d’entendre, en des termes que voici : ‘‘ A vous, la grâce et la paix de la part de Jésus-Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre.’’ Oui la grâce et la paix, car c’est ce dont nous avons vraiment besoin pour éteindre les foyers de division et apaiser les ouragans que provoquent l’orgueil et la vanité du genre humain.
Dans l’extrait de l’évangile que nous avons lu tout à l’heure, Jésus et Pilate dialogue sur la royauté : ‘‘Pilate lui dit : ‘‘Alors tu es roi ? ‘’ Jésus répondit : ‘‘C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écouté ma voix. ‘’
Ici, avec Pilate et Jésus nous assistons à deux formes de royauté qui s’opposent.
Ordinairement quand on sacre un roi, on met à sa disposition un territoire (un royaume), une armée et un peuple qu’il gouverne. Et ce type de royauté, Pilate l’incarne parfaitement dans l’évangile avec son allure majestueuse, sa parure luxueuse et ses insignes royaux en or. C’est bien cela ; évidemment les rois de ce monde baignent dans la richesse et le prestige. Ils ont tous les honneurs possibles. A eux reviennent le pouvoir, la gloire et la domination de ce monde.
Jésus quant à lui n’a rien de tout cela. Il se proclame roi certes. Mais un roi solitaire qui n’a ni armée pour le défendre, ni territoire délimité, ni sujet sur qui régner. A vrai dire, la royauté que Jésus incarne est une royauté que nous avons du mal à comprendre.
Toutefois, pour cerner sa façon de régner sur le monde, laissons-nous instruire par cette anecdote :
Dans un royaume lointain, il y avait un forgeron qui réparait les charrues des habitants et ferrait leurs chevaux. C’était l’unique forgeron du royaume ; et il était par surcroit un artisan dynamique, affable et très avenant. Bref il avait les bras ouverts pour accueillir tout le monde, fût-il étranger. Un jour, ce forgeron reçoit la visite d’un ange qui lui dit tout gentiment : ‘‘Mon ami ! Tu as trouvé grâce et miséricorde auprès du Seigneur car tes bonnes œuvres sont parvenues à ses oreilles. Il en est tellement ravi qu’il m’envoie te prendre pour aller vivre dans son royaume. ‘’Le Seigneur t’envoie me chercher pour vivre dans son royaume car Il a eu vent de mes belles actions ! Je n’en disconviens pas certes, reprit le forgeron ; mais retourne le voir pour lui expliquer que pour l’instant, je ne saurais répondre à son invitation car je suis présentement le seul et unique forgeron de ce grand royaume. Bientôt c’est les semailles. Tous les habitants auront certainement besoin de moi pour réparer leurs charrues et ferrer leurs chevaux. Dis-lui honnêtement que c’est impossible ; qu’Il m’accorde un peu de temps. L’ange repartit et lui obtint la grâce de passer encore quelque temps sur la terre. Au bout de sept, huit mois, l’ange revint dire au forgeron : ‘‘Le Seigneur me fait te demander si tu peux le rejoindre maintenant.’’ Mais le forgeron répondit : ‘‘Toi-même regarde, j’ai un ami qui est gravement malade. Je dois aller le soutenir ; sinon il va crever et toute sa famille va sombrer dans la misère ; Dis au bon Dieu de m’accorder encore un bout de temps’’. Une troisième, une quatrième puis une énième fois, le forgeron réussit à convaincre l’ange de Dieu de le laisser vivre tranquillement sur la terre. Au fil des ans, le forgeron perdit ses forces, vieillit et tomba plusieurs fois malades. Finalement un jour, en sortant d’une clinique, il croisa fortuitement l’ange de Dieu et l’interpela gentiment en ces termes : ‘‘Mon ami, je n’en peux plus, je suis fatigué de vivre sur cette terre, emmène-moi dans le royaume auprès du bon Dieu, Alors l’ange lui répondit : ‘‘Où pensais-tu être ? Ne sais-tu pas que depuis des années, tu vivais dans le royaume ? Ne sais-tu pas ? Chaque fois que tu rendais services au prochain, tu étais déjà dans le royaume ; toutes les fois où tu accomplissais une bonne œuvre, tu faisais déjà advenir le royaume’’.
Chers amis comme nous l’explique cette anecdote, le royaume de Dieu n’est pas à rechercher dans un lieu géographique précis ; le royaume de Dieu est partout dans le monde, surtout là où triomphe le bien. Le prince éternel de ce royaume, c’est le Christ Jésus lui-même ; et ses armes de combat sont : l’amour, la paix, la joie, la charité fraternelle, bref toutes les belles actions. Alors, mon ami, pour te faire une place dans ce royaume, tâche simplement de faire le bien, Amen !