Homélie du dimanche de la miséricorde

            Nous sommes aux lendemains de la résurrection. La semaine précédente, Jésus est arrêté, flagellé, tué et même précipitamment inhumé. L'ambiance est trouble et les apôtres n'ont mieux à faire que de se cacher. La frayeur est si grande qu'ils ont verrouillé les portes du lieu où ils se trouvent. Dans ce silence lourd et pesant, Jésus leur apparaît et leur dit :"La paix soit avec vous".

            La paix, c'est ce dont ils ont véritablement besoin. Ce n'est que la paix qui peut les aider à surmonter les épreuves générées par les évènements tragiques qui ont conduit leur maître à une mort infâme. "La paix soit avec vous". La paix, c'est aussi le signe de la présence de Dieu en nous et autour de nous. Quand la paix de Dieu rejaillit sur nous, elle imprègne tout notre être, transparaît dans nos actions et par conséquent, impacte notre environnement.

            Comme les disciples aux lendemains de la résurrection, nous aussi nous traversons quelques fois des situations déroutantes qui nous coupent le souffle et nous font aspirer à la paix. Notre monde va mal. Il a soif de la paix. Il suffit de regarder autour de nous : Ici c'est la guerre, là-bas les tensions ; plus loin les menaces, les escalades de tous genres ; sur tous les continents, des conflits éclatent. Que ce soit en Ukraine, au Burkina-Faso, à Taïwan, au Mali et où je ne sais, la situation est alarmante. Et pour surmonter tout cela, il nous faut cultiver la paix, un don gratuit de Dieu.

          Jésus souffle sur les apôtres et leur dit : "recevez l'Esprit-Saint". Dans le langage biblique, "souffler sur quelqu'un", c'est lui transmettre un pouvoir, une puissance. Jésus souffle sur les apôtres et leur donne l'Esprit-Saint. L'Esprit qui réconforte, l'Esprit qui vivifie, l'Esprit qui donne force et courage pour aller annoncer les merveilles de Dieu à toute la création.

            Pendant que Jésus apparaît aux douze, l'un d'entre eux, Thomas n'est pas là. Une fois revenu, ses compagnons l'en informent. Il a du mal à croire, il recherche des preuves. Huit jours plus tard, Jésus réapparaît, Thomas est là. Il l'interpelle lui dit : "Thomas, avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant." Alors Thomas de s'écrier : "mon Seigneur et mon Dieu !"

         En lisant ce passage de l'évangile, je me suis intéressé aux temps des verbes utilisés pour décrire les apparitions successives du Christ à ses disciples, aux lendemains de sa résurrection. En effet dans la première apparition, on lit ceci : "...alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint au milieu d'eux et leur dit..." Le temps utilisé ici est le passé simple. Ce temps exprime une action rapide et passagère. Dans la deuxième apparition, nous avons : "... huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées". Ici, par contre, le temps utilisé est le présent narratif. Le présent c'est le temps du réel qui exprime une action plus durable. Ici, ce présent est utilisé exprès pour insister sur la véracité de la résurrection du Christ, vainqueur sur la mort et le péché

         Chers amis, tout comme Thomas, nous avons parfois du mal à croire en la présence réel du Christ, à sa présence agissante dans chacune de nos vies. A notre baptême nous adhérons au Christ. Par la prière, nous entrons en lien avec Lui. Mais quelques fois, nous avons du mal à le sentir plus près de nous ; nous voudrions le voir, le toucher physiquement ! Cela nous amène à le rechercher dans le merveilleux, l'extraordinaire, les faits éclatants et mystérieux. Et pourtant Il est là tout près de nous. Car, en toute vie, le silence dit Dieu.

          Puissions-nous ouvrir notre cœur et notre âme pour accueillir la présence discrète, bienveillante et agissante de Dieu en chacune de nos vies, Amen, Alléluia !