Ainsi parle le Seigneur :

''Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! 

Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem !''

Bien aimés du Seigneur,

Quand un prophète introduit ses propos par des tournures telles que : ''ainsi parle le Seigneur'', ou bien ''oracle du Seigneur'', c'est pour passer un message important ou exprimer la volonté de Dieu au peuple dans une situation particulière voire alarmante. Dans le cas échéant, l'intervention du prophète finit presque toujours sur des notes d'espérance et de réconfort.

Effectivement dans la première lecture tirée du livre du prophète Zacharie, nous voyons qu'il y a problème crucial. Le problème qui se pose ici, c'est la guerre. Evidemment nous sommes à 300 ans avant Jésus-Christ. Israël est sous domination grecque ; le peuple est en grande souffrance et fait profil bas. Chaque jour il croupit sous le joug de l'envahisseur hellénistique.

En parlant de joug, on pourrait penser notamment à l'invitation que Jésus adresse, dans l'évangile du jour, à toutes personnes traversant une période difficile. Voici ce qu'il dit : ''Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug...''.

Chers amis, c'est vrai, nous ne sommes pas encore en guerre ; et plaise à Dieu, cela ne va pas arriver ; matis une minutieuse analyse de notre société actuelle nous montre que tout n'est pas rose. Questionnons les foyers et inspectons nos lieux de service ; parcourons la cité et recueillons les nouvelles et les plaintes - ici, il y a tensions ; là, il y a des querelles ; là-bas des critiques acerbes, plus loin encore des heurts, de la médisance, de la convoitise et des tribulations de tous. Tout cela constitue des foyers de tensions, des divisions, des guerres à faibles doses, des situations qui enveniment nos relations interpersonnelles et la vie harmonieuse dans les familles et au cœur de la cité.

Pour remédier à ces problèmes, à ces frustrations, le Christ nous invite à décharger les soucis qui nous rongent sur lui et le laisser recharger nos cœurs et nos consciences de son amour, de sa paix, de sa joie.

Le peuple d'Israël est en guerre, Zacharie lui adresse un message d'espérance, assorti d'une promesse joyeuse : la venue d'un roi susceptible de l'aider à surmonter l'épreuve de l'esclavage dans laquelle il gémit amèrement sans issue possible. A vrai dire, l'heure est grave, la situation est trouble ; mais Zacharie rassure le peuple en ces termes : ''Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d'une ânesse. »

Oui quelle que soit la vallée des larmes, quelle que soit la situation malheureuse qui s'abat sur nous, Dieu a toujours la possibilité de nous en retirer. Son bras fort et sa main puissante peut encore tout arranger en notre faveur si, et seulement si, nous savons placer notre confiance en lui.

L'épreuve est rude, l'outrage est épouvantable, mais le prophète annonce la venue d'un roi ; un roi juste, humble, pauvre et victorieux qui saura frayer, à coup sûr, un sentier de bonheur, d'espérance et de liberté pour tout le pays.

Quand on parle de roi, on pense automatiquement à tous ceux qui détiennent des pouvoirs, aux autorités, aux chefs d'état, aux puissants de ce monde. Ceux-là ordinairement baignent dans l'opulence dans de somptueux palais ; et, pour se déplacer, circulent dans de grosses cylindrées, dans des véhicules haut de gamme, dans des limousines et non sur des chevaux. Mais hélas ! Ce qui est curieux ici, c'est que le roi annoncé par le prophète Zacharie n'a pas le profil de ces souverains. Il est plutôt pauvre, juste et victorieux. Et les traits qui caractérisent son règne sont : l'unité et l'universalité.

L'unité : ''Ce roi fera disparaître d'Ephraïm les chars de guerre et de Jérusalem, les chevaux de combat''. Pour rappel : tout au début, à la cour royale en Israël, il n'y avait pas de chevaux ni de chars. C'est sous le prestigieux règne de Salomon que les chevaux ont fait leur entrée à la cour du roi. Et sans se lasser, le Seigneur n'a cessé de le souligner, par la voix du psalmiste : '' les chars et les chevaux ne peuvent vous sauver, ni la vigueur d'un guerrier vous délivrer. Seul le Seigneur donne la victoire''. C'est le Seigneur qui nous rassemble, c'est lui notre principe d'unité.

L'universalité : '' sa domination s'étendra d'une mer à l'autre, et de l'Euphrate à l'autre bout du pays. Jadis, Israël se croyait le peuple élu de Dieu ; aujourd'hui nous comprenons que l'amour inconditionnel de Dieu rejaillit sur l'univers entier à travers le sacrifice du Christ sur le bois de la croix. Accepter le Christ et lui faire confiance, c'est choisir de vivre sous son règne d'amour, de paix, de joie et de liberté.

Chers amis, pour bénéficier de cette tendresse et de cette protection du Seigneur, il nous faut devenir tout-petits, humbles. En effet voici ce que Jésus nous dit dans l'évangile : ''Père, Seigneur du ciel et de la terre, ce que tu as caché aux sages et aux savants, Tu l'as révélé aux tout-petits. Oui, Père, Tu l'as voulu ainsi dans ta bienveillance''.

L'enfant, c'est quelqu'un d'avenant, d'accessible, d'humble, de confiant. Il ne craint pas de demander de l'aide. Il réalise facilement ses limites et ses fragilités et n'a pas de complexes à réclamer du secours pour s'en sortir.

Et si l’on épousait un tant soit peu les traits des petits enfants ?  

Amen, Alléluia !