ASCENSION 2022
J’ai retenu comme fil conducteur de cette homélie la phrase des deux hommes en vêtements blancs - deux anges - qui figure dans le récit que fait saint Luc de l’Ascension dans la première lecture : « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? »
On se croirait au matin de la résurrection, où là aussi deux hommes en vêtement blancs – deux anges – avait dit aux femmes qui étaient tristes devant le tombeau de Jésus vide : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? »
Ces deux phrases semblables m’ont toujours fasciné. En effet, il y a ici comme le sous-entendu suivant : « Pourquoi rester là… au lieu de partir ? ».
On a ainsi une très belle entrée dans le mystère de l’Ascension de Jésus qui ne nous tourne pas vers un ailleurs nébuleux ou imaginaire, mais vers la réalité de la vie de tous les jours et des engagements à prendre pour répondre à l'invitation d’aller « jusqu'aux extrémités de la terre » que Jésus vient de faire dans le récit des Actes des Apôtres, notre première lecture.
Jésus part, et c’est maintenant aux disciples de se mettre à l’œuvre. C’est à vous de jouer, leur dit-il, en quelque sorte.
Ce temps nouveau qui commence, qu’on a appelé le temps de l’Église, n’est pas un recommencement à zéro, sans la présence de Jésus qui aurait disparu pour toujours.
Au contraire, l’Ascension nous invite à réaliser que le départ de Jésus élevé au ciel, n’est pas celui d’une absence, mais bien plutôt d’une présence « démultipliée. »
En effet, la présence de Jésus limitée jusque-là à ceux et celles qui pouvait l’approcher physiquement, le toucher, le voir, entendre ses paroles, il y a 2000 ans en Galilée, sera désormais une présence sans limites de frontières ni d’espace.
Le Christ Ressuscité est toujours vivant. Sa présence est accessible à tous et à toutes, à ceux et celles qui le reconnaissent dans la foi comme le Seigneur de leur vie, et l’Envoyé du Père pour le salut et la joie du monde.
Cette présence, intime (plus que physique) au plus profond des êtres humains que nous sommes, se réalise non seulement dans la foi, mais de façon visible dans les sacrements où la présence du Christ se réalise, à travers les gestes et les paroles qu’il nous a laissées. Dans chaque sacrement, il y a la présence réelle et particulière du Christ, car c’est lui qui agit. Ainsi quand le prêtre baptise, il dit « Je te baptise » et il verse l’eau. Ce n’est pas lui qui baptise, c’est Jésus qui le fait par lui. Ainsi du sacrement de la Réconciliation, de l’Eucharistie.
Le jour de l’Ascension, Jésus s’est élevé au ciel mais il n’a pas quitté ses disciples ni aucun d’entre nous qui croyons à leur suite.
Vous voyez que le mystère de l’Ascension est loin du rêve. Il ne nous éloigne pas de la réalité humaine où nous vivons, ne nous amène pas dans un monde virtuel, mais il nous renvoie sur la terre. Il actualise le mystère de l’Incarnation du Verbe, Dieu avec nous.
Avec la deuxième lecture, Jésus de l’Ascension est maintenant appelé « le prêtre par excellence, celui qui est établi sur la maison de Dieu ». Cette maison de Dieu c’est le ciel, appelé aussi le sanctuaire véritable ; cette maison de Dieu c’est aussi l’Eglise, dans laquelle nous pouvons entrer avec assurance avec et par Jésus.
Nous sommes alors invités à croire en la présence continuelle de Jésus prêtre pour nous guider, nous soutenir et nous stimuler, une présence qui s’inscrit dans l’humain, dans nos corps de chair, dans nos cœurs et dans nos esprits, une présence qui se retrouve au cœur de nos communautés de foi et dans les gestes de partage qui reconnaissent cette présence dans les frères et sœurs qui nous entourent ou qui sont dans le besoin : « J’avais faim, j’avais soif, j’étais un étranger, j’étais nu, j’étais malade, j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! »
Et Jésus le prêtre véritable nous a confié à nous, prêtres, de le représenter pour que son Amour et sa Vie ne soient pas oubliés ici-bas ; mais nous le faisons avec nos pauvres forces humaines. Et merci pour votre confiance, votre soutien et votre prière pour vos prêtres de la terre.
« Je m’en vais, mais je ne pars pas », tel est le message de Jésus à retenir aujourd’hui.
« Et ma présence sera désormais mon Esprit, l’Esprit Saint : « C’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés… vous allez recevoir une force, quand le Saint Esprit viendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée à la Samarie… et jusqu’aux extrémités de la terre ». Et donc jusqu’à Hendaye.
Cet Esprit Saint nous le célébrerons dans 10 jours, le dimanche de la Pentecôte. D’ici là, prenons la peine de reconnaître la présence de Jésus dans nos vies selon nos possibilités en donnant un peu de temps pour le rencontrer dans la prière par exemple, en participant à un office religieux, en lisant la Bible, en récitant le chapelet, en participant à la procession mariale demain…
Et, comme le dit si bien la fin du passage de la Lettre aux Hébreux que nous avons lu : « Avançons-nous donc vers Dieu dans la certitude que donne la foi, le cœur purifié… le corps lavé… continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. »
Amen