Homélie de la Vigile Pascale
Voici la nuit, l’immense nuit où tout culmine, voici la nuit, l’immense nuit où tout devient possible.
Nous célébrons notre Pâque, nous célébrons notre Christ !
L’espérance est plus forte que le désespoir. La vie est plus forte que la mort. L’amour a le dernier mot.
Christ est ressuscité !
Tout ce que nous pensions perdu dans les ténèbres renaît en vie nouvelle : nous sommes fils et filles de Dieu !
Nous sommes les disciples du Ressuscité.
La grande liturgie de cette Vigile pascale est composée des éléments suivants : Le feu et la lumière, la Parole, et dans un instant l’eau, puis le pain et le vin :
Tous ces signes sont pris dans notre monde, ils sont indispensables à la vie : il n’y a pas de vie sans lumière, sans chaleur ; sans eau, sans nourriture ; il n’y a pas de vie vraiment humaine sans parole échangée.
Mais notre expérience nous apprend aussi que tous ces éléments peuvent être également des sources de mort : le feu peut tout réduire en cendres et la lumière peut aveugler. L’eau peut tout dévaster et engloutir. La nourriture peut empoisonner…
De même la parole, qui peut dire l’amour, peut aussi dire la haine.
Désormais, le Ressuscité du matin de Pâques, est capable de dépasser le côté fragile, menaçant, de tous ces éléments pour en faire des instruments et comme des canaux pour nous donner sa Présence.
Jésus ressuscité est la Lumière du monde, non pas la lumière matérielle, mais la lumière de la Vie éternelle.
Jésus ressuscité est la Parole éternelle du Père, la Parole de la Vie.
Jésus ressuscité est la Source d’eau vive, la Source de l’Amour qui coule pour nous dans le baptême.
Enfin, dans l’eucharistie, Jésus ressuscité est notre nourriture, non pas d’abord pour notre corps, mais pour que grandisse en nous notre être d’éternité.
Tout cela est possible parce que, un certain matin, des femmes ont entendu l’incroyable nouvelle : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici : il est ressuscité. »
Dans sa résurrection, Jésus a conduit son humanité jusqu’à sa plénitude ; premier-né d’entre les morts il conduit notre humanité à sa plénitude.
Il a fait de la mort un passage, une « Pâque » vers la Plénitude de la Lumière et de l’Amour. En Jésus ressuscité, c’est la Joie de la Vie qui nous est donnée, à jamais.
Alors dès aujourd’hui, est malgré tout ce qui continue d’entamer notre espérance et notre joie, suivons les femmes Marie-Madeleine, Jeanne et Marie mère de Jacques.
Elles étaient venues figer Jésus dans la mort avec leurs aromates ; elles trouvent le tombeau vide ; elles sont désemparées… en même temps elles entendent et accueillent l’annonce de la résurrection de Jésus : « il n’est pas ici, il est ressuscité. »
Telle est notre expérience de croyant aujourd’hui. Quand nous vivons de lourdes épreuves, quand nous sommes sous le choc des violences de toutes sortes, nous sommes comme figés… c’est pourtant là, et pas ailleurs, que nous devons être les témoins du Christ ressuscité.
D’abord en vivant de lui et avec lui, de sa vie et par sa vie. J’espère que nous croyons tous ici que le Christ est ressuscité ; que nous le croyons, non seulement intellectuellement, mais au plus profond de nos cœurs et de nos entrailles…
et qu’il nous remplit de joie et d’espérance toujours nouvelle. Joie et espérance pour cette vie et jusque dans la vie éternelle où le Christ victorieux de la mort nous ressuscitera de notre mort.
Mais déjà, nous devons être les témoins du Christ ressuscité par nos paroles et nos actes, par le rayonnement de notre vie… nous-mêmes et avec les autres, nous devons vivre de nombreux passages, de nombreuses « pâques » dans l’espérance : passage de la mort à la vie, de l’égoïsme à l’amour, du rejet à l’accueil, de la vengeance au pardon, de l’orgueil à l’humilité, de la routine à la nouveauté, du doute à la foi… mais aussi de la tiédeur à l’engagement, de la piété occasionnelle à la vie en Eglise, régulière, belle, ressourcée dans la messe du dimanche.
Chaque dimanche, le ressuscité de Pâques nous invite ici pour célébrer sa mort et sa résurrection… puis il nous donne rendez-vous la semaine dans le visage de tous ceux qui sont son corps, d’abord ceux qui souffrent.
Pas de communion à la messe sans communion entre les hommes.
Entrons plus avant dans cet esprit de famille, signe du Ressuscité qui nous fait vivre.
Joyeuses fêtes de Pâques à vous tous !
Amen ! Alléluia !