La Messe :
L'évangile de ce dimanche 23 avril nous a fait prendre le chemin d'Emmaüs et l'abbé Jean-Marc Lavigne, dans son homélie, l'a relié aux souffrances de bien des gens :
" Et comme les deux disciples d’Emmaüs, combien d’individus et de familles se sont trouvés dans l’angoisse proche de l’agonie : fuite, abandon du « chez soi », recherche d’abris de fortunes ou d’amis, manque de perspective d’avenir… en tout cas mort dans l’âme. "
" Clic sur les photos pour les agrandir "
Le colloque
Jacques Eguimendya - Président Agora-Txingudi
Présentation
par Jean Renault
De Jacques Eguimendya :
" Pour Jean-Marc Lavigne, notre Curé, l’Homme doit connaître d’où il vient pour savoir quel chemin emprunter. Partant de ce précepte, utilisant l’opportunité de ce dimanche 23 avril, il a initié une journée de commémoration de la destruction de Hendaye, jour pour jour, il y a 230 ans.
Le dimanche matin était consacrée au recueillement pour nos Ancêtres et à l’espoir, avec une Messe pour la Paix. L’après-midi se répartissait en deux temps forts.
Tout d’abord, une conférence consacrée à l’attaque des troupes espagnoles replacée dans le contexte historique et géographique.
Puis, l’exceptionnelle prestation de l’Orfeon Donostiarra, un groupe musical ne s’étant pas produit à Hendaye depuis 110 ans, année où il avait inauguré le Théâtre de la Nature de Hendaye, en interprétant pour la première fois en France l’Opéra Basque Maïtena.
" En cette journée, de remémoration et de coïncidence, Agora-Txingudi, n’a point craint les anachronismes afin de rendre plus clair l’ensemble des faits de cette journée fatidique pour Hendaye. En effet, dans ce but, après de longs travaux de consultation d’archives, les animateurs, ont endossé tant les atours des militaires, des politiques que des journalistes œuvrant dans les télévisions d’information en continu. "
Hendaye et la guerre de la révolution francaise
par Pedro Sanchez Blanco
(quelques diapos du PwP bien détaillé)
" Ainsi, depuis le camp de la Croix des Bouquets il a été possible de se plonger dans le contexte de ces guerres de la Convention et suivre à travers les dépêches arrivant régulièrement, le bombardement, l’inventaire des dommages subit par le fort, la destruction des maisons du bourg, la félonie du 20ème Régiment d’Infanterie, ci-devant Cambresis, laissant son Général Régnier se battre avec le Capitaine Griollet et 12 braves, contre les Espagnols en chantant le champ des Marseillais. "
En direct du front, les dépêches
par le journaliste (pour l'occasion) Michel Etienne
" Une situation illustrée par le témoignage d’un soldat, l’appel d’un Commissaire de la Convention au Comité de Salut Public pour qu’il « prenne un parti vigoureux » contre le Régiment révolté, puis la lecture du communiqué officiel du Ministère de la Guerre."
Interview du "soldat" Pedro, rescapé des combats
L’appel, d’un Commissaire
(en l'occurrence, M. Jacques)
de la Convention,
au Comité de Salut Public
Lecture du communiqué officiel
du Ministère de la Guerre.
" Dans une seconde partie, les 150 personnes ont été invitées à réfléchir aux avantages et inconvénients de la situation géographique et l’appartenance à divers territoires de Hendaye. "
Hendaye, territoire de confins
par Jacques Eguimendya
" Enfin, cette heure et demi intense s’est terminée par une réflexion philosophique de Jean-Marc Lavigne sur la résilience tant des personnes que des territoires. Puis, Monsieur le Maire Kotte Ecenarro illustre l’intérêt de la coopération transfrontalière à travers des actions concrètes menées grâce à la dynamique permise par le Consorcio Bidasoa-Txingudi, une innovation longtemps mise en exergue par les instances Européennes. "
Passation de parole
" Bien chers tous,
Merci d’abord à Jacques EGUEMENDIA, président d’Agora Txingudi et à ses amis de l’Associations Pedro SANCHEZ et Michel ETIENNE de s’être laissé habiter par l’idée du curé qui vous parle de ne pas laisser passer sous silence ce qui avait sacrifié Hendaye, il y a 230 ans.
J’aurais été incapable de donner suite moi-même à cette intuition par manque de compétence et de méthode.
Oui, vraiment merci.
Mon intervention, sur proposition de Jacques EGHIMENDYA sera sur un autre registre que celui de l’Historie ; elle sera plutôt philosophique, voire spirituelle… en tout cas un regard sur l’homme et la société avec des lunettes positives, optimistes.
C’est BISMARCQ qui avait dit au XIXème siècle la phrase tant de fois utilisée depuis : « Celui qui ne sait pas d'où il vient ne peut savoir où il va car il ne sait pas où il est. En ce sens, le passé est la rampe de lancement vers l'avenir. »
Le passé nous colle tous à la peau.
Que ce soit en tant qu’individu qui a vécu des difficultés, des traumatisme.
Que ce soit en tant que membre d’une famille qui a aussi son histoire et qu’il faut assumer
Que ce soit en tant que citoyen d’une ville et du monde quand il faut aborder la vie avec des questions voire des accrocs inattendus et qui font mal.
Ici c’était notre ville d’Hendaye dont la population dût fuir, tout abandonner, se réfugier dans une autre contrée… et sans aucun doute, vivre le choc, la souffrance, la blessure, le sang peut-être ; sans horizon !
Or il existe alors une notion qu’on appelle la résilience. Ce mot français qui vient du latin veut dire : « bondir en arrière et redémarrer ».
Pour vivre cette résilience il faut être entouré, entourer les gens blessés, ne pas les laisser seuls : nous savons que nous nous relevons grâce aux autres, et pour les croyant aussi grâce à l’Autre qu’est Dieu et grâce à Jésus qui est ressuscité après sa mort. On peut alors donner sens à ce qui nous est arrivé.
Par la résilience, chacun apprend à mettre l’accent sur les traits positifs que sont : la capacité d’aimer et de s’engager, le courage, les compétences interpersonnelles, la sensibilité esthétique, la persévérance, le pardon, l’originalité, l’humour, la spiritualité, la sagesse, etc.
Et ensemble, on redécouvre : les vertus civiques et les institutions qui font évoluer les individus vers une meilleure responsabilité en tant que citoyens, vers l’éducation, l’altruisme, la civilité, la modération, la tolérance et l’éthique professionnelle.
La littérature fourmille d’exemples que les romanciers ont tirés de leurs observations — parfois de leur vie et où l’on voit combien la résilience se met en marche après des situations extrêmes : Gavroche, Cosette, Rémy, Poil de Carotte, David Copperfield et bien d’autres.
Oui, c’est ainsi, par la résilience, que l’on sait où on doit aller…
Alors on sait qu’il ne faut pas reproduire ce qui a blessé l’homme, la ville, la société… et on s’y engage chacun à sa façon et parfois ensemble.
Un exemple qui a marqué et marque notre territoire ici et outre-Bidassoa : c’est le travail que font les artisans de la paix au Pays-Basque après des années sanglantes. Et depuis les accords d’Aiete le processus de paix avance résolument, il sera long mais aboutira. Voilà la résilience en action.
Autre exemple toujours sur le même territoire : les migrants en situation irrégulière, tous traumatisés chez eux, d’où la fuite de leur pays ; traumatisés en traversant le désert, en vivant un temps en Afrique du Nord ; embarqués sur de fragiles canaux qui font les choux gras des passeurs… et puis leur passage en France où ils revivent, veulent suivre des études et travailler ; ils sont alors entourés, conseillés, accompagnés. Et plusieurs s’en sortent et s’intègrent. Voilà la résilience en action.
On pourrait aussi évoquer plus largement dans le monde toutes les déportation, les guerres, les catastrophes naturelles qui fournissent malheureusement de trop nombreuses occasions de traumatismes graves — physiques, psychologiques, sociaux —, mais du coup, sont révélateurs aussi de ressources insoupçonnées chez certains qui « s’en sortent », alors que la plupart perdent pied et s’enfoncent.
On gardera toujours la trace du traumatisme mais on va se réhumaniser, reprendre vie.
Alors, « oui, comme il est bon pour des frères de vivre ensemble et d’être unis. » comme le chante le psaume 132
Utopie ? Sans doute mais sans utopie on n’avance pas ; on reste courbé vers la terre et on en meurt. L’utopie nous fait relever la tête pour vivre, rêver, bâtir ensemble.
C’est la fraternité : troisième mot de notre trilogie républicaine : Liberté, égalité, fraternité…
Je termine en évoquant une encyclique du pape Jean XXIII dont c’est le 60ème anniversaire cette année : PACEM IN TERRIS engageant résolument les disciples du Christ sur les chemins de la non-violence et du désarmement.
Et tous les papes après lui ont porté la même antienne.
Tout récemment le pape François lors de son voyage en RDC, s'adressait aux catholiques à Kinshasa :
« Pour vraiment dire non à la violence, il ne suffit pas d'éviter des actes violents, il faut déraciner les racines de la violence, l'avidité, l'envie et surtout la rancœur. Il faut avoir le courage de désarmer le cœur. »
Et enfin, une citation de Curlis Tchoffo, Camerounais :
« L'Avenir se pense, l'avenir se prépare, l'avenir se prévoit, l'avenir s'anticipe, l'avenir s'oriente, l'avenir se voit, l'avenir se fonde. Ce que tu deviendras demain est déterminé par les actions que tu poses aujourd'hui. "
Puis, Monsieur le Maire Kotte Ecenarro
illustre l’intérêt de la coopération transfrontalière
à travers des actions concrètes
menées grâce à la dynamique permise
par le Consorcio Bidasoa-Txingudi,
une innovation longtemps mise en exergue
par les instances Européennes.
Présence d'un public
nombreux et intéressé
" L’esprit encore plongé dans le passé, l’assistance s’est dirigée vers l’Eglise où les attendaient les sons divins des choristes. "
Jacques Eguimendya - Président Agora-Txingudi
Le concert
C’est la deuxième fois que l’Orfeon Donostiarra vient à Hendaye.
La première fois c’était, tenez-vous bien, en 1913, il y a 110 ans pour participer à un opéra « Maitena » au Théâtre de la nature (aujourd’hui c’est le site Sascoenia en haut de la rue des Rosiers).
L’Orfeon a été créé en 1897.
Nous sommes très honorés qu’il soit parmi nous.
Un merci toute particulier à Marisol et à Sonia nos principales interlocutrices du début à la réalisation de ce projet musical.
Nous voilà bien installés pour un beau concert d’une heure qui conclura en beauté notre journée de commémoration.
Nous vous demandons de ne pas applaudir après chaque morceau mais seulement à la fin du concert donc après le Requiem « in Paradisum » de Gabriel Fauré.
Enfin, merci d’éteindre vos portables.
