Conte pour enfants sages !... et pour les autres, petits et grands, aussi !
Bonjour enfants sages d’Hendaye, de Béhobie, de Biriatou et d’ailleurs !
Nous, qui nous adressons à vous, sommes de belles demoiselles,
nous sommes sœurs aussi, et nous habitons près des cieux,
tout près des nuages, au plus haut de vos belles villes,
aux sommets des clochers !
Saviez-vous, mes petits amis, qu’ici à l’église St Vincent d’Hendaye nous nous nommons BRANDA pour moi, la grande qui vous parle et BIXINTXO, pour ma sœur. Pour vous, je suis déjà une vieille dame puisque j’ai 84 ans, je suis née en 1932, mais c’est ma sœur, bien que de taille plus petite, qui est l’ainée ; elle est née en 1924 et a donc 92 ans, ce qui pour nous est encore jeune, car nous vivons souvent plusieurs siècles.
Nous avons été baptisées avec la bénédiction d’un prêtre exactement comme un nouveau-né. En cette occasion nous étions toutes les deux joliment enrubannées et aspergées d’eau bénite, en abondance bien-sûr !
Nous sommes aussi très coquettes, car nos robes sont décorées de fleurs, de fruits, de symboles religieux, de saints, de saintes également, de frises fleuronnées, de dentelles campanaires, de crucifixions : tout cela réalisé par les meilleurs artistes de nos pays.
Tout comme les jeunes femmes de sang noble, nous sommes coiffées d’une couronne car nous sommes des reines et juste en dessous de ce bel ornement, se situe le cerveau qui, chez nous, est énorme bien entendu ; également, notre panse se prolonge par une robe s’évasant vers le bas et sur laquelle sont inscrites, parfois, de belles citations. Ecoutez, chers enfants sages, celles-ci :
Je sonne pour Dieu et la patrie.
J’appelle les vivants et les morts.
Je rappelle les égarés et toujours l’amitié.
Cette dernière est ma préférée ; et bien d’autres encore …
Nous chantons magnifiquement et puissamment, c’est même notre fonction principale. Nous chantons pour l’appel aux messes, aux obsèques avec cette note grave et poignante, plusieurs fois répétée, le glas. Nous chantons aussi pour annoncer les heures et même les demis de chaque heure, ce sont les sonneries.
Dans les moments forts de la vie de nos paroisses nous carillonnons le plus fort possible, pour Pâques bien-sûr, pour Noël également et même, dans les époques anciennes, pour avertir des dangers - incendies - orages de grêle - invasions. Aujourd’hui des techniques plus modernes remplacent ces fonctions d’alertes.
Notre corps est constitué par un alliage métallique noble, brillant comme l’or, qu’on appelle- LE BRONZE - très dur, très sonore et qui au fil du temps se recouvre d’une belle - PATINE VERTE - ; une oxydation de surface due à l’oxygène de l’air.
Sous nos robes se cache un battant en fer très lourd, très mobile, qui lorsque nous nous balançons, et oui, nous dansons aussi, vient frapper l’intérieur de notre robe afin de nous faire chanter une note - une seule note -, déterminée par la forme et l’épaisseur de notre panse ; souvent un Ré ou un Mi très pur, parfois un Do.
Bien-sûr charmants enfants d’Hendaye, de Béhobie, de Biriatou, vous nous avez reconnues !
Nous sommes vos cloches. Vous nous entendez souvent et nous vous aimons très très fort !
Mais savez-vous également que nous voyageons et très loin !... Nous revenons toujours à nos mêmes emplacements. Oui, nous allons une fois par an à Rome. C’est ce beau voyage - cette belle légende - que nous allons vous conter maintenant.
Tendez bien vos oreilles, écoutez-nous attentivement, enfants sages du Pays Basque.
Le voyage des cloches vers Rome
Dans la liturgie chrétienne, les cloches sont les premières à marquer le deuil des trois grands jours saints, de la mort à la résurrection du Christ.
On entre alors dans le grand silence de la passion ; les orgues, les chants se taisent, les statues, les autels sont parfois voilés. C’est en souvenir des souffrances et de la mort de Jésus sur la Croix. Mais afin de ne pas trop peiner les enfants et également pour mettre du soleil dans toute cette tristesse, on raconte, c’est la légende, la tradition, que les cloches se sont envolées vers Rome auprès du pape.
Elles vont revenir bien-sûr, chargées de cadeaux, de bonbons, de confiseries, de friandises, d’œufs décorés et en chocolat, qu’elles enverront, du haut du ciel, pour les enfants… tous les enfants, dans les jardins évidemment, mais aussi dans tous les recoins de la maison.
Finalement Jésus triomphera, c’est le plus fort, c’est la résurrection. Les cloches seront, une fois encore les premières à annoncer cette bonne nouvelle pendant la veillée pascale, et les chrétiens retrouveront, avec bonheur, l'Alléluia, les chants, les fleurs et toute la joie de la belle fête de Pâques.
Pendant, ce temps heureux, les enfants iront à la recherche des cadeaux et friandises aidés par les adultes, eux aussi très gourmands - et peut-être même plus -! La magie, la poésie et le merveilleux de cette coutume continuera longtemps encore de nous émerveiller dans notre cœur, dans nos pensées et c’est tant mieux !
Bonnes fêtes de Pâques à tous et au revoir.
BRANDA et BIXINTXO,
les cloches d’Hendaye qui embrassent, très fort, les enfants de la paroisse et du Pays Basque heureux !