"... Dans ce contexte guerrier, des personnalités dont la moralité interpelle, émergent. Parmi celles-ci, la Gazette du 8 décembre 1691 distingue le Sieur Le Coursic ... "
En ce mois de novembre 1691, le Royaume de France, est en guerre contre la grande majorité des nations européennes. Sur terre, les affrontements se succèdent aux frontières nord et est. Louis XIV préside au siège et à la prise de Mons, Le Rhin est convoité par les armées Françaises et Prussiennes. Plus au sud, la marine française bombarde Barcelone et la côte Catalane sans être inquiétée par une escadre espagnole amorphe. En mer, les corsaires anglais, hollandais et français se livrent une lutte sans merci. L’hebdomadaire quasi-officiel « Gazette » tient, en continu, la comptabilité des prises françaises. Nos pêcheurs basques sont devenus des corsaires pour le grand bien des édiles, financiers locaux et des chantiers navals.
Dans ce contexte guerrier, des personnalités dont la moralité interpelle, émergent. Parmi celles-ci, la Gazette du 8 décembre 1691 distingue le Sieur Le Coursic (Joannis de Suhigaraychipy), capitaine de « La Légère », qui a permis au Ministre de la Marine, le Comte de Pontchartrain, de valoriser la qualité, l’efficacité et l’esprit chevaleresque de sa marine auprès de son roi. Il est vrai qu’elle diffère des récits d’abordage, de démâtage, de luttes sanglantes, en haute mer.
Ainsi, après plusieurs mois de navigation au large du Portugal en compagnie de « L’Embuscade », chassant les navires commerciaux, Anglais ou Hollandais, le capitaine corsaire, disputé par les Bayonnais et les Hendayais, mais né à Hendaye, se dirige vers la rade de Saint-Jean-de-Luz. Après avoir croisé le Cap d’Ortigueira, en manque d’eau potable, il rencontre une forte tempête. Heureusement, la baie de Barias (aujourd’hui O Porto de Bares) est très proche. Tout en perdant de vue son compagnon de route, il s’y réfugie. Devant s’avitailler, il aborde le village et négocie avec les Alcaldes locaux la fourniture d’eau contre un départ sans attaque contre le village. L’affaire est conclue.
Confiant dans la sincérité des Alcaldes malgré l’état de guerre entre la France et l’Espagne, il envoie une chaloupe avec 25 hommes. Elle est reçue par 600 coups de mousquets. Deux Basques s’effondrent, d’autres sont blessés. Une expédition punitive est organisée, « L’Embuscade » et « La légère » appareillent deux chaloupes avec 80 hommes. Elles débarquent et se dirigent vers un retranchement où 300 hommes et 30 cavaliers d’une milice assemblée rapidement au son du tocsin, les attendent. L’engagement est rude. Il tourne en faveur des marins ; 24 espagnols sont tués, 50 sont blessés et 40 faits prisonniers.
La troupe se dirige ensuite vers le village qu’elle pille. Bétail, basse-cour, vivres éléments précieux pour des navires restés plusieurs mois en mer, sont emportés et embarqués. Le Coursic ne se contente pas de cet avitaillement gratuit, il décide d’appliquer les méthodes des anciens corsaires de Guipuzcoa et Biscaye. Le village doit être brûlé. Femmes et enfants sont en pleurs. C’est alors que le curé du village, crucifix en main, s’avance et supplie à genoux de renoncer à cet acte. Notre capitaine corsaire, interpelé par le courage du prêtre, lui propose un nouveau marché. Il doit aller rechercher dans les collines environnantes les notables du village qui s’y étaient réfugiés afin de négocier la sauvegarde du village.
Soutane, fougères et ronces n’ont pas beaucoup freiné la course du curé du village galicien. Retrouvant les notables, il les a convaincus de revenir au village pour le sauver. Le marché est original. Contre la sauvegarde du village, la signature d’un traité où le village s’engage à fournir à tout bateau français « que le mauvais temps ferait relâcher à la côte de Barias, les rafraîchissements et les secours dont ils auraient besoin ».
Le Duc de Gramont ayant participé à 50% de l’armement de la Légère, malgré le peu de rapport de cette action, les victuailles ayant été englouties par les équipages, est fier de cette action. Pour lui, elle a un grand retentissement en Galice et en Espagne, autant qu’une grande victoire militaire.
Edouard Ducéré, l’archiviste Bayonnais qui lui aussi a lu la « Gazette », en 1895, lors de ses recherches sur les corsaires basques, n’a pas retrouvé dans les archives de l’Amirauté de Bayonne le traité signé entre les responsables de Barias et Le Coursic. Dommage. Les plaisanciers Hendayais auraient pu, en toute amitié, instaurer un arrêt traditionnel lors de leurs déplacements à Viana
Jacques Eguimendya
Président Passion Txingudi
Sources : « Gazette » du 8 décembre 1691
« Les corsaires Basques » Edouard Ducéré - 1895
Le Duc de Gramont ayant participé à 50% de l’armement de la Légère, malgré le peu de rapport de cette action, les victuailles ayant été englouties par les équipages, est fier de cette action. Pour lui, elle a un grand retentissement en Galice et en Espagne, autant qu’une grande victoire militaire.
Edouard Ducéré, l’archiviste Bayonnais qui lui aussi a lu la « Gazette », en 1895, lors de ses recherches sur les corsaires basques, n’a pas retrouvé dans les archives de l’Amirauté de Bayonne le traité signé entre les responsables de Barias et Le Coursic. Dommage. Les plaisanciers Hendayais auraient pu, en toute amitié, instaurer un arrêt traditionnel lors de leurs déplacements à Viana
Jacques Eguimendya
Président Passion Txingudi
Sources : « Gazette » du 8 décembre 1691
« Les corsaires Basques » Edouard Ducéré - 1895