Fête de l'Assomption de la Vierge Marie
A Hendaye, cette année, cette fête très aimée des croyants, suit celle de la Fête Basque qui "fatigue" joyeusement ses nombreux participants. Qu'à cela ne tienne, les fidèles de Marie ont bien été présents pour sa grande fête !....
La procession, ses chants, prières, demandes de l'intercession de Marie, avec la participation des petits enfants, ouvrent nos coeurs d'avantage vers le monde.
Comme partout en France, en ce beau jour, les cloches ont sonné à la volée pour la Paix dans un silence recueilli de toute l'assemblée.
Tout le monde se retrouve à la sortie de la messe pour le partage du verre de l'amitié avec les vacanciers du mois d'août.
Et c'est l'occasion de faire de nouvelles connaissances, de nouveaux "Hendayais de coeur", comme François-Xavier et Marie-Agnès avec leurs quatre enfants qui ont choisi Hendaye pour y établir leur domicile de toutes vacances dans leur maison, nouvellement acquise.
Homélie de l'abbé Jean-Marc LAVIGNE
Il est bon que nous soyons ici en ce 15 août car cette église dédiée à la maman de la Vierge Marie, Sainte-Anne, et tout entière tournée vers Marie : les 6 vitraux qui ornent le transept de notre église nous parlent de Marie : d’abord l’annonce de sa naissance à ses parents Anne et Joachim, puis sa présentation au Temple par ses mêmes parents, la nativité de Jésus Marie mère, la fuite en Égypte, la crucifixion de Jésus Marie au pied de la croix, et la mort de St Joseph Marie tout près de son époux.
Mais encore les vitraux circulaires qui ornent la galerie, tous sur fond bleu, couleur de Marie, qui reprennent une partie des litanies de la Vierge : Trône de la sagesse, Vase spirituel, Rose mystique, Tour de David, Maison d’or, Arche d’alliance, Porte du ciel, Étoile du matin.
Et enfin les statues qui la Vierge Marie seule ou avec sa mère ; et nous la porterons tout à l’heure en procession en vénérant son cœur immaculé.
Oui, Marie est très bien honorée par le visuel de ce lieu ; cela nous rappelle qu’elle nous donne toujours sa présence derrière laquelle il nous faut chercher la présence du Christ, la vie du Christ qui rend plus belle et plus vraie la vie des hommes que nous sommes.
Nous sommes là au cœur-même de l’évangile de cette fête de l’Assomption. Marie qui aurait eu mille raisons de s’occuper d’elle-même et de sa santé puisqu’elle était enceinte de Jésus… s’est faite présence et don pour sa cousine Élisabeth âgée et enceinte elle aussi : elle la visite et reste même trois mois avec elle pour l’entourer de sa tendresse attentive.
Par Marie, c’est Jésus qui s’approche d’Élisabeth ; Jésus présent, Jésus sauveur dès sa conception et avant sa naissance, Jésus déjà agissant dans le sein de Marie, sa mère.
Alors c’est un débordement de joie pour ces deux femmes : Élisabeth remercie Dieu pour cette présence si précieuse : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon sauveur vienne jusqu’à moi ! »
Et Marie remercie Dieu de l’avoir choisie comme servante ; servante de Dieu et servante des autres.
« Mon âme exalte le Seigneur ; il s’est penché sur son humble servante ».
L’Église, a choisi cet évangile, plein d’humanité, pour célébrer cette fête de l’Assomption, alors que naturellement, nous pourrions imaginer Marie portée au ciel par les anges après sa mort –qu’on appelle aussi dormition- et benoîtement installée au ciel près de son Fils.
Rien de tel ! Ce n’est pas une Marie installée que nous sommes invités à rencontrer et à prier aujourd’hui, mais une Marie en plein mouvement.
Et en faisant ce choix d’évangile l’Église a voulu honorer ce corps de la Vierge Marie toujours disponible à Dieu pour donner Dieu aux autres.
Oui, ce corps sur la terre n’a été qu’élan pour les autres
= en commençant par son corps de femme dilaté pour former puis donner le corps du Sauveur Jésus
= jusqu’à la naissance de l’Église à Pentecôte quand son corps devint prière au milieu des apôtres
= sans oublier sa présence debout au pied de la Croix de Jésus quand son corps et son cœur furent transpercés de douleur.
Et c’est tout entière, corps et âme, dit le dogme de l’Assomption, que Marie entre au ciel participant à la résurrection de son fils : cela fut proclamé par le pape Pie XII en novembre 1950.
Heureuse es-tu Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils !
Ce cheminement de Marie concerne-t-il aussi nos vies aujourd’hui et chez nous ?
Certes oui. Tout d’abord, notons que l’évangile d’aujourd’hui mettait en scène deux femmes.
Il nous faut dès lors rappeler la dignité de toutes les femmes de nos villes et de nos villages ; il nous faut lutter contre toutes formes d’exploitation de la femme ; et dénoncer les violences qu’elles peuvent endurer.
Une femme, quelle qu’elle soit, marié, célibataire, divorcée, consacrée religieuse est sacrée ; une mère est sacrée ; Marie nous le rappelle par le fait qu’elle soit une vraie femme.
Il faut aussi rendre hommage aux femmes pour leur présence engagée dans la société et dans l’Église. Le pape François veut avancer sur ce point. Je le cite : il faut “Étudier des critères et les modalités nouvelles pour que les femmes se sentent pleinement participantes des différents domaines de la vie sociale et ecclésiale”, c’est “un défi qu’il n’est plus possible de repousser”. (fin de citation)
Il faut aussi souhaiter partout, dans la cité, dans la famille, dans le travail, en politique, dans l’Église une vraie parité hommes-femmes.
Et que dans tous les pays s’édifie une vraie politique familiale et un climat culturel et social qui respecte les femmes et reconnaisse leur rôle incontournable dans l’édification de la société.
Si nous y veillons et nous y engageons nous sommes comme Marie qui va visiter et aider sa cousine : nous sommes pleins d’attention pour les femmes et leur devenir.
Ensuite, Marie nous encourage aujourd’hui à être une Église qui lui ressemble.
Oui, une Église qui ressemble à Marie. Une Église, des chrétiens, non pas installés mais en mouvement ; non pas agissant par habitude mais sans cesse éveillés par les appels de nos contemporains.
Comme Marie, nous sommes porteurs de Jésus en nous par notre foi, pour faire de la vie une rencontre et non de l’indifférence ou du rejet ; une visitation sans cesse continuée.
Il y a rencontre et visitation quand les plus petits de la société sont considérés, écoutés, secourus et qu’ils deviennent un jour eux-mêmes acteurs de leur développement.
Il y a rencontre et visitation quand l’étranger, le réfugié, est accueilli et que son étrangeté devient richesse pour nous.
Il y a rencontre et visitation quand nous découvrons la saveur de la prière et que dans le silence nous scrutons les appels de Dieu et la douceur de son amour.
Il y a rencontre et visitation quand notre paroisse continue de s’organiser en vraie communauté, quand des ponts, des passerelles, des mains tendues, des projets communs, des solidarités nouvelles, des encouragements chaleureux nous font vivre la communion et la mission.
Enfin ces rencontres, ces visitations seront un jour éternelles et pleines d’amour et de joie quand, comme Marie avec Jésus ressuscité, nous serons nous aussi dans la gloire de la Cité du Ciel.
Mais en attendant, n’oublions pas que le chemin de l’Église c’est toujours le chemin de l’homme ; n’oublions pas que de nombreuses Élisabeth nous attendent dans nos Judée d’aujourd’hui.
AMEN.