Homélie du 28 novembre 2021
Chers frères et sœurs,
Dans le ministère public de Jésus, il y a eu beaucoup de guérisons et de miracles. Bon nombre de souffrants, de pauvres et d’infirmes ont été soulagés de leurs maux. Et le comble, c’est que Jésus a même réussi à ramener des gens à la vie. En réalité, aux yeux de ses contemporains, Jésus était perçu comme un thaumaturge, car tout ce qu’il disait se réalisait aussitôt. Et voilà ce Jésus qui ce matin, commence son enseignement par des propos effroyables que voici : ‘‘Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots’’. A entendre ces affirmations fracassantes, on a l’impression que le monde va s’effondre, qu’il y aura un bouleversement cosmique.
Heureusement que vers la fin du même évangile, le même Jésus apaise nos cœurs par des phrases que voici: ‘‘Veiller et prier en tout temps pour avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver et se tenir debout devant le fils de l’homme’’.
‘‘Veiller’’ : Ce mot évoque en moi le souvenir d’un jeune homme fou qui se promenait à certains carrefours de mon village natal, et qui criait à tout venant : ‘‘Quelle heure est-il ? Oui quelle heure est-il ?
A force de l’entendre répéter à tue-tête ces mêmes paroles, un petit garçon demanda un jour à son père s’il connaissait ce jeune et ce qui l’avait rendu ainsi
Alors le vieillard prit la parole et livra ce qui suit : ‘‘Ce jeune que vous voyez crier à longueur de journées fut autrefois élève jusqu’en terminal. A la veille du baccalauréat, s’étant bourré de café pour tenir le plus longtemps possible, il aurait passé presque toute la nuit à étudier pour se mettre à niveau. Puis, au petit matin, terrassé par la fatigue, les yeux rougis par le manque de sommeil, il se serait endormi sur ses cahiers encore ouverts. Lorsqu’il se réveilla en sursaut quelques heures après, il était désormais trop tard : ses compagnons étaient déjà entrain de composer. Le choc fut si violent, disait-on, qu’il aurait perdu la raison. ‘‘Quelle heure est-il ?’’, demandait le jeune malade mental. ‘‘L’heure des regrets’’, assurément lui serait-on tenté de lui répondre, avec pitié. Alors, pour toi et moi, quelle heure est-il ? Effectivement pour nous, quelle heure est-il? Sans doute, l’heure de prendre notre vie au sérieux.
Veillez et priez nous dit Jésus, afin de vous préparer à la venue du Fils de l’homme. Veiller, qu’est-ce que c’est donc ?
Veiller, ne consiste pas à vouloir désespérément rattraper le temps perdu en essayant de faire bouchée double ; veiller, c’est plutôt apprendre à vivre au rythme du temps nos fidélités quotidiennes.
Veiller, c’est aussi écouter : écouter d’abord Dieu à travers les belles paroles d’espérance et de conversion qu’Il nous propos pendant ce temps de l’Avent ; et écouter ensuite le prochain- le frère, la sœur, l’époux, l’épouse, l’ami et même le voisin-pour pouvoir intérioriser, un temps soit peu, ce qu’il peut nous dire. Ecouter l’autre, car il a toujours quelque chose à nous dire, à nous enseigner.
Veiller, c’est aussi assumer ses responsabilités quelle que soit sa condition de vie d’enfant, de jeune ou d’adulte ; c’est travailler à l’équité aussi bien à la maison qu’au service en passant par l’église. C’est à ce prix qu’on pourra faire pousser des germes de paix et de stabilité comme nous le rappelle la première lecture de ce jour tirée du livre du prophète Jérémie: ‘‘En ces jours-là, en ces temps-là, je ferai germer pour David un germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice’’.
Veiller, c’est aussi être vigilant. Et être vigilant pour un conducteur, ne consiste pas à garer sa voiture au bord du chemin, mais plutôt à être attentif à sa manière de conduire, afin de parvenir, sain et sauf, à destination. De même pour le chrétien, la vigilance consiste à être prudent dans sa manière d’exercer ses responsabilités. Pendant ce temps, le chrétien est davantage inviter à s’engager au service de Dieu et des hommes dans un amour de plus en plus intense et débordant comme nous le demande saint Paul, dans sa première lettre aux Thessaloniciens.
Veiller enfin, c’est vivre dans l’espérance et choisir la voie du progrès.
Que le Seigneur lui-même éclaire nos pensées et dispose nos cœurs pour l’accueillir à travers nos frères, les humains. Amen !