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La Paroisse
Homélie du jour de NOËL
Homélie du jour de NOËL

| Jean-Marc Lavigne 1296 mots

Homélie du jour de NOËL

NOËL 2023

 

            Frères et Sœurs, bien chers amis,

Savez-vous qui a inventé la première crèche du monde ? Et pourquoi justement on parle de crèche ? Bien sûr, tout de suite, vous me direz : eh bien Jésus, Marie et Joseph il y a près de 2020 ans… Pas faux !

Mais ma question est de savoir qui a eu l’idée, bien plus tard, de représenter la scène d’évangile initiale de la naissance de Jésus dans une étable ?

Laissez-moi vous en raconter l’histoire… Cela se passe en Italie, dans les belles plaines de l’Ombrie, à quelques centaines de kms au nord de Rome…Il y a là un petit village qui s’appelle Greccio. Nous sommes à Noël 1223, il y a tout juste 800 ans cette année. Un homme, François, originaire d’Assise, celui que déjà les gens d’alentour appelle le Saint, a eu cette idée géniale : dans une grotte, récréer l’étable de Bethléem, avec une femme du village pour faire Marie, un homme pour Joseph, un âne, un bœuf, des petits enfants pour faire les bergers… Tout le village se rassemble autour de cette scène vivante. Chacun est venu avec une lumière pour éclairer la nuit… et voir l’enfant. La messe sera célébrée au même endroit. Pas dans une église : c’est une révolution. C’est même la mangeoire qui va servir d’autel : le berceau de Jésus où il vient donner son corps. C’est ainsi qu’est née la première crèche de l’histoire (comme le nom du village : Greccio = crèche). Tradition qui va petit à petit se répandre à tout le monde chrétien. Jusqu’à aujourd’hui…

 

Nos crèches ont été installées chez nous, il y a quelques jours, évoquant toutes ces personnes venues pas à pas vers l’étable de Bethléem, avec un seul but : voir Jésus, rencontrer Jésus. Ces personnages nous rappellent dans nos maisons le sens de Noël, cela nous rappelle que Noël ce n’est pas d’abord le marché de Noël, les cadeaux, la bûche et la grosse dinde fourrée au marron, la photo des enfants avec le père Noël, car on risque là d’oublier le vrai sens de Noël : Noël, c’est Jésus.

Enlevez Jésus à Noël, il ne reste plus rien, car il est le centre, il est le sens de cette fête.

Aujourd’hui, Jésus vient redonner un sens à Noël, peut-être même redonner un sens à nos vies. Et pour cela, approchons-nous de la crèche et regardons chacun des personnages, chacun d’eux à quelque chose à nous apprendre, chacun nous indique une attitude, une manière d’être. Sans reprendre tous les personnages de la crèche, attardons-nous sur ceux dont nous parle l’évangile :

 

Le premier, c’est l’empereur Auguste. Il a la manie des chiffres — c’est un travers de ceux qui gouvernent, ils aiment compter, ça les rassure. Lui, il voulait recenser toute la terre. Son problème, c’est qu’à force de vouloir tout savoir, de vouloir tout connaître, de vouloir tout maîtriser, il risque de passer à côté de l’essentiel. Pauvre Auguste ! Il lui aurait suffi de savoir compter jusqu’à un, d’être attentif à cet unique événement qui se passait à Bethléem cette nuit-là… car il ne s’agissait pas tant de tout maîtriser, que d’accueillir.

 

À la crèche, il y a aussi les aubergistes de Bethléem, ceux qui ont dit à Marie enceinte et à Joseph que « désolé ! il n’y a pas de place pour vous chez nous, c’est complet », les obligeant à se retrouver dans une étable. Trop encombrés, les aubergistes n’ont pas de place pour Jésus. Peut-être qu’ils nous ressemblent un peu ces aubergistes avec nos vies si pleines d’activités, pleine de soucis, pleine de temps perdu devant nos écrans, si pleine et souvent si épuisantes, si pleine et pourtant parfois un peu vides, comme s’il nous manquait quelque chose, comme s’il nous manquait du sens, comme s’il nous manquait quelqu’un. Et comme il y a 2000 ans, comme aux portes de l’auberge de Bethléem, Jésus vient frapper à la porte de nos vies, à la porte de nos cœurs : n’y aurait-il pas un peu de place pour moi chez toi ?

Et si vous, en ce jour de Noël, vous ouvrez votre porte à Marie et à Joseph, vous faites une place à Jésus dans votre vie, ne la refermez pas, ne le chassez pas, ne l’oubliez pas une fois cette messe de Noël terminée.

 

Après l’empereur et les aubergistes, il y a les anges qui annoncent la bonne nouvelle : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple ».

Nous avons tellement besoin d’entendre des bonnes nouvelles ! Le matin, nous entendons à la radio s’égrener toutes les mauvaises nouvelles : l’Ukraine, puis l’Arménie, puis Gaza, la crise qui vient, le Covid qui menace à nouveau, et j’en passe… Ceci dit au sujet de Gaza et de la Terre Sainte, je vous transmets ce qu’en disait le pape François, hier soir à la Basilique St Pierre : « Notre cœur, ce soir, est à Bethléem, où le Prince de la paix est encore rejeté par la logique perdante de la guerre, avec le fracas des armes qui, aujourd'hui encore, l’empêche de trouver une place dans le monde ».

Oui, nous avons besoin de bonnes nouvelles, d’une bonne nouvelle… Le conseil des anges est celui-ci : ouvrez l’Évangile, elle est là la bonne nouvelle dont nous avons besoin. Là Dieu nous fait signe.

 

À la crèche, il y a aussi Joseph. Son problème est qu’il est très discret, il ne dit pas un mot. Dans un monde qui crie, dans un monde bruyant, dans un monde ou pour se faire entendre il faut être un influenceur aux 7 millions de followers, autant vous dire que Joseph le taiseux, Joseph le silencieux passe inaperçu. Et pourtant, ce bon Joseph, c’est lui qui a raison : « Le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit. » Joseph, tu as raison de cultiver le silence. Tu nous enseigne la vie intérieure comme le bien le plus précieux de l’homme.

 

Enfin, à la crèche, il y a Marie, Marie qui croit, Marie qui espère, Marie qui aime, elle nous enseigne ces trois attitudes, ces trois vertus : croire, espérer, aimer, c’est tout ce dont nous avons besoin aujourd’hui. Tout ce dont notre monde a besoin — la foi, l’espérance et l’amour — . Nous ne l’apprenons qu’à l’école de Marie, à l’école de la crèche où l’on n’achète rien mais où l’on reçoit gratuitement de celui qui est venu nous l’offrir, de celui dont le cœur déborde, celui que Marie tient dans ses bras : Jésus.

 

À la crèche, il y a Auguste qui compte, il y a les aubergistes qui rejettent, il y a les bergers qui attendent et qui veillent, il y a Joseph qui contemple en silence, il y a Marie qui croit, qui aime et qui espère.

 

À la crèche, il y a Jésus qui sauve, il y a Jésus qui te sauve. Car ce matin, à la crèche il y a toi et moi.

Et notre vie peut être transformée par la venue de Jésus. Ce qui s’est passé dans cette étable à Bethléem a changé le monde. Si tu accueilles Jésus aujourd’hui dans ta vie, dans ton cœur, il peut te transformer. « Paix sur la terre aux hommes qu’il aime » : c’est cela qu’il est venu apporter, la paix. La paix pour chacun de nous ici, la paix parce qu’Il nous aime.

Alor en ce jour de Noël, il ne faut pas compter, il ne faut pas exclure, il faut juste s’approcher de la crèche : comme les anges, comme les bergers, comme Marie et Joseph. S’approcher de Jésus et se laisser aimer, le laisser nous aimer. C’est cela le grand cadeau de Noël.

 

                                                                                   Amen 

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