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La Paroisse
Homélie du JEUDI SAINT
Homélie du JEUDI SAINT

| Jean-Marc Lavigne 964 mots

Homélie du JEUDI SAINT

J E U D I   S A I N T   2 0 2 1

 

          Vous le savez sans doute, l’évangile selon Saint Jean ne rapporte pas, comme les trois autres évangiles, les paroles de la Cène. Aussi, pour essayer de comprendre un peu mieux ce que signifie « aimer jusqu’au bout », Jean choisit de souligner un autre signe, celui du lavement des pieds.

          Ce choix nous aide et nous invite à entrer davantage dans le sens de l’eucharistie en ce Jeudi Saint, où nous faisons mémoire de la cène du Seigneur. « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde il les aima jusqu’au bout », c’est-à-dire qu’il les aima jusqu’à donner sa vie.

 

          La réalité du don de sa vie que fait Jésus, nous l’évoquerons demain : son arrestation, son procès, sa condamnation, sa passion et sa mort sur la croix ; c’est-à-dire son obéissance totale au Père et son amour pour l’humanité vécu jusqu’au bout.

 

Alors ce soir, Jésus manifeste cette réalité à travers des signes, des paroles, des gestes qui vont en perpétuer la mémoire et l’actualité ?

 

          Les évangiles nous proposent, d’une certaine façon, deux sacrements de l’amour.

 

Le premier sacrement de l’amour, c’est le sacrement de l’eucharistie dans lequel Jésus, partageant le pain et donnant la coupe, annonce et réalise que ce pain partagé, c’est son corps livré pour l’humanité, pour le salut du monde ; que cette coupe de vin, c’est son sang versé pour la multitude.

« Faites cela en mémoire de moi », rappelle saint Paul dans sa première Lettre aux Corinthiens (notre deuxième lecture).

 

Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, nous reconnaissons dans la foi que ce pain, que nous bénissons et que nous recevons en communion, est le corps du Christ. Il est le signe visible et efficace du don de sa vie par amour pour le Père et par amour des hommes.

 

La coupe que nous bénissons et que nous partageons, c’est le sang du Christ qui exprime cet amour du Père vécu jusqu’au bout, jusqu’à la dernière goutte de son sang, comme j’aime dire.

 

          En ce jeudi saint, c’est tout notre ministère de prêtre, qui prend sens et qui s’éclaire. Choisis comme prêtres, c’est par notre ministère que vous recevez le corps du Christ et que vous devenez le corps du Christ.

C’est pourquoi, même si nous avons célébré l’eucharistie en privé l’an dernier, il était rude pour nous, de ne pas être rassemblés avec nos communautés… le Jeudi Saint 2020 nous étions ici trois prêtres, Beñat, Marcel et moi, seuls ; église vide (une célébration très priante certes ; et nous pensions à vous tous, notre communauté, nos frères et nos sœurs). Cette année nous sommes ensemble avec vous et nous sommes heureux de vous manifester le sens profond de notre vie à votre service.

 

L’évangile de Jean nous propose un second signe qui exprime, aussi, l’amour extrême du Christ pour les hommes, et en particulier pour ses disciples.

Là aussi, il se présente comme un exemple qu’il invite ses disciples à reproduire. Et donc nous aussi !

          Simon-Pierre n’en voulait pas : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! »

          Impossible, pense-t-il, que le Maître s’abaisse jusqu’à prendre la place du dernier des serviteurs ! Cette incompréhension de l’apôtre révèle la nôtre… Rendez-vous compte : lui, le Seigneur et le Maître, prend le tablier du serviteur…

          Et pourtant, pour exprimer le sens de sa mission et de sa vie, il se met à genoux devant ses disciples dans la position de l’esclave pour leur laver les pieds.

          Ce geste manifeste concrètement et publiquement une sorte d’inversion des rôles. Jésus en explique le sens à ses disciples : « Si moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, c’est pour que vous vous laviez les pieds les uns aux autres. »

          C’est parce qu’il les aime « jusqu’au bout » que Jésus se met dans cette position inversée de serviteur de ses disciples. C’est dans le même amour qu’il sera entraîné dans l’arrestation, le procès, la condamnation et l’exécution. C’est dans ce plus grand amour que Jésus livre sa vie comme signe de la miséricorde de Dieu envers tous les hommes.

 

          Accepter que le Christ, Maître et Seigneur, se fasse notre serviteur, nous conduit donc à entrer, nous aussi, dans ce dynamisme de l’amour extrême.

C’est entrer réellement et profondément dans le don de notre vie au service de nos frères. Il s’agit de nous livrer tout entier, par amour.

 

          Le lavement des pieds manifeste que la vie cultuelle, que la célébration de l’eucharistie ne se suffisent pas à elles-mêmes. Elles ne trouvent leur sens que dans l’amour effectif.

          Il s’agit en fait de savoir si nous acceptons ce retournement des rôles, ce retournement qui nous conduit à nous faire serviteurs de nos frères… Ou bien si nous décidons, par notre comportement, de nous ériger en maîtres et seigneurs dans l’Eglise et dans le monde, nous qui sommes pourtant de simples disciples.

          En se mettant à genoux devant quelques membres de l’assemblée, le prêtre représente symboliquement cette inversion des rôles. Et comme Jésus nous le dit, le premier doit prendre la place du serviteur et du plus petit.

 

          En refaisant ce geste, nous manifestons le véritable sens de l’eucharistie : nous faire les serviteurs les uns des autres, et ainsi participer à l’offrande que Jésus fait de sa vie.

          Que le Seigneur nous donne de découvrir dans le corps livré et le sang versé :
le signe de l’amour qui est plus fort que la mort,
le signe de l’amour qui doit habiter nos cœurs pour nous apprendre à nous aimer les uns les autres à la manière du Christ, comme lui.

 

                                                                     Amen. 

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Lavement des pieds par Jésus ©
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