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Paroles du curé
Homélie du deuxième dimanche de Carême
Homélie du deuxième dimanche de Carême
© ND de la Bidassoa

| LAVIGNE 837 mots

Homélie du deuxième dimanche de Carême

DEUXIEME DIMANCHE DE CAREME   C

 

Si vous êtes là, chers amis, c'est parce que vous avez vécu des transfigurations comme celle de l'Évangile d'aujourd'hui.

Voyez plutôt : si vous êtes mari et femme, c'est parce qu'il y a eu dans votre histoire des éblouissements où l'amour de l'autre vous est apparu dans une telle beauté que toute votre vie en a basculé.

Et s'il y a des prêtres, des religieuses, des diacres, avec vous, c'est parce qu'ils ont été eux aussi brûlés par la beauté de certains passages de l'Écriture, ou de certains silences, ou de certains témoins… séduits par Dieu.


La transfiguration du Christ, c'est notre histoire

= Demandez à ceux qui accompagnent les mourants : le corps s'en va en lambeaux, et pourtant il y a des instants inoubliables où, de manière fugitive, la personne malade rayonne d'une paix et d'une beauté incroyables.

= Demandez aux éducateurs : chez tous les enfants réputés difficiles et violents, ils guettent ces éclairs où leur véritable bonté se dévoile l'espace d'un sourire, d'une phrase ou d'un geste étonnant.

Et puis, après, plus rien ; la lente dégradation de la fin de vie, la violence et l'agressivité reprennent leur cours, l’ordinaire banal ou conflictuel de la vie à deux…


          Mais celui qui a vécu ce moment de grâce saura désormais qu'une beauté incroyable se cache derrière le visage de l'être dégradé, ou de l'enfant insupportable, ou de l'être aimé…


 

Regardez dans l'Évangile : à qui Jésus manifeste-t-il sa gloire ?

 

Il se manifeste à Pierre, Jean et Jacques, à qui il confiera le secret du réveil de l'enfant de Jaïre (Lc 8,40-56) : là où la famille risque de pleurer sur un enfant que l'on croit mort, Jésus révèle à ces trois disciples qu'il peut réveiller la force de vivre qui est cachée en lui.


Jésus se manifeste à Pierre, Jacques et Jean, c'est-à-dire à ceux qui seront témoins de l'angoisse et de la tentation de Gethsémani… là, sur l'autre montagne des Oliviers, Jésus devra combattre pour rester fidèle : « Père, éloigne de moi cette coupe ! Cependant que ta volonté soit faite et non la mienne ».
Il suera sang et eau, littéralement, dans ce combat pour rester fidèle.
Il entrera en agonie pour se laisser conduire jusqu'au bout, jusqu'à l'extrême.


La transfiguration de Jésus est donc donnée aux disciples pour qu'ils y puisent eux aussi la force de rester fidèles. 

 

Plus encore, le condamné de la Semaine Sainte n'aura bientôt plus figure humaine. Rejeté, fouetté, déshabillé, méprisé, il sera couvert de crachats et d'insultes. Ses disciples l’abandonneront tous, sauf Jean, comme s’ils avaient oublié le vrai visage de gloire révélé en haut du Mont Thabor.

 

La gloire de Jésus transfiguré est donnée à Pierre et Jean et Jacques pour qu'ils sachent discerner sous les crachats la vraie beauté de l'homme défiguré lors de sa Passion.

 

Voilà pourquoi la contemplation du Christ transfiguré est un extraordinaire moteur pour rejoindre ceux qui parmi nous n'ont plus figure humaine (misère matérielle ou morale ou autre…) : nous croyons en leur beauté pourtant cachée à nos yeux.


Mais quelle conception avons-nous de la beauté de l'homme ou de la femme ?
Les Évangiles n'ont jamais dit de Jésus qu'il avait le profil d’une star Hollywoodienne… et pourtant Jésus manifeste sur cette montagne une gloire qui éclipse celle d'Élie et Moïse.
 

Nous-mêmes sommes des gens plutôt quelconques ; peu d’entre nous défilent pour des couturiers de renom…

et pourtant vous êtes tous et chacun d’une beauté éclatante lorsque vous aimez vraiment…


Autrement dit, ces éclairs de transfiguration nous sont donnés pour traverser toutes les défigurations à venir sans désespérer, sans trahir…


En effet, la vraie beauté d'un être humain se dévoile à nos yeux lorsque nous l'aimons, lorsque nous le voyons, à l'image du Christ, accepter de se livrer aux mains de ses proches s’il est malade, d'être amoureux comme au premier jour s’il est en couple,

Dans ces moments-là, on voudrait que tout s'arrête comme Pierre : « dressons trois tentes » …
Mais non, ce n'était que l'espace d'une parole, d'un regard, d'une main étreinte, ou d'un corps pacifié… Et puis la vie reprend, apparemment comme avant.

 

Apparemment seulement, car la mémoire du Christ éblouissant de beauté soutiendra l'Église lorsqu'elle le croisera à nouveau défiguré dans les souffrants de notre temps.


Apparemment seulement, car les couples qui n'ont pas oublié tous les éblouissements de leur amour pourront s'appuyer sur cette mémoire pour devenir fidèles, pour croire en l'autre quoiqu'il arrive, pour deviner la vraie beauté de l'autre d'âge en âge jusqu'à la fin de sa vie…


Celui qui demain sera défiguré est aujourd'hui dévoilé à nos yeux dans toute sa splendeur : que la transfiguration du Christ nous aide à ne jamais désespérer de la beauté humaine,

ni de la beauté de votre conjoint,

ni de celle de vos enfants,

ni de la beauté de votre voisin ou collègue,

ni de celle du prochain si peu aimable,

ni de celui dont on se détourne,

ni de la beauté de votre Église même.

 

                                                                     Amen

 

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. © ND de la Bidassoa
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