SIXIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE A
Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent d’un Dieu qui a vu la misère de son peuple. Cette misère c’est celle qui vient de l’égoïsme et des divisions, du péché. Le grand projet de Dieu c’est de nous en libérer. Toute la Bible nous dit qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.
Pour accomplir cette œuvre de salut, il commence par nous donner des règles, des commandements qui nous aideront à vivre en harmonie. Quand on vit en société, il est important de se respecter les uns les autres. On ne peut pas faire n’importe quoi. La première lecture nous dit que nous avons à choisir : d’un côté, la vie qui résulte de l’observation des commandements ; de l’autre, la mort qui est la sanction de l’orgueil. Le Seigneur veut nous libérer de tout ce qui détruit notre vie. Il nous invite à accueillir ses paroles qui sont celles “de la vie éternelle”.
Dans l’Évangile, Jésus revient sur la loi qui a été transmise par Dieu aux anciens. C’était un minimum indispensable à la vie en société : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas tromper… Pour Jésus, il est hors de question de supprimer ces acquis ; bien au contraire, il invite ses disciples et chacun de nous à aller encore plus loin. C’est comme dans une famille, la pratique scrupuleuse d’un règlement interne ne suffit pas à la rendre heureuse : il lui faut de la solidarité, de l’accueil, du partage et surtout de l’amour.
Ce qui fait la valeur d’une vie, c’est précisément notre amour de tous les jours pour tous ceux et celles qui nous entourent ; en ce dimanche de la santé, nous pensons à toutes les professionnels et bénévoles qui se dévouent auprès des plus fragiles dans les hôpitaux, les centres de soin, les maisons de retraite et à domicile.
Que tous les aidants et soignants se sentent mis à l’honneur aujourd’hui par l’Eglise. Qu’ils soient courageux dans leur tache souvent bien complexe. Que soit reconnu tout ce qu’ils mettent en œuvre, avec cœur, en faveur de la dignité du malade. Chez nous, l'Hôpital Marin ; le Nid Marin ; La Concha ; l'EHPAD Haizpean ; Elgar bizi ; tous les médecins, infirmier(e)s et Kiné, etc...
De même le service évangélique des malades rassemble régulièrement des chrétiens proches des malades pour vérifier leur action, se former ensemble et se ressourcer.
Tous ces gestes de service prennent valeur d’éternité ; un jour, Jésus nous dira : « j’étais malades et vous m’avez visité ; tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Hier le pape écrivait le tweet suivant :
Nous sommes tous fragiles et vulnérables ; nous avons tous besoin de cette attention compatissante qui sait s'arrêter, s'approcher, guérir et relever.
Ce dimanche de la Santé nous rappelle aussi que les malades, les handicapés, les gens seuls sont des membres importants de notre paroisse et pourtant on ne les voit pas, sans aller les visiter. Qu’il sache que nous leur disons aujourd’hui : « Nous avons besoin de vous, l’Eglise a besoin de vous, malades et soignants pour nous rappeler que la fragilité, la vieillesse, la maladie, font pleinement partie de nos existences humaines et qu’on ne peut pas les vivre seuls. »
Cela va bien au-delà d’un esprit légaliste ou minimaliste ou d’une attitude d’obligation.
L’Évangile de ce jour nous montre un chemin de conversion ; il ne suffit plus de respecter des lois. Le plus important c’est d’aimer, c’est d’accueillir celui ou celle qui souffre.
Jésus le dit ainsi : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. »
Remarquez, à ce sujet, le passage de l’extérieur vers l’intérieur, dans tous les balancements du discours de Jésus : « vous avez appris qu’il a été dit aux anciens…
Eh bien ! moi je vous dis ».
A chaque fois, Jésus dans sa réponse pointe une attitude ou un geste plus intérieur, plus total… Ainsi propose-t-il d’aller du « meurtre » à la simple « colère », de l’« adultère» au simple « regard », du « faux serment» au simple fait de « jurer »… Ce balancement nous introduit là où Jésus veut conduire chacun : l’intégrité de la personne.
Jésus dépasse, surpasse l’ancienne Loi en lui inoculant une dose sans modération d’amour.
Cet amour sans mesure a été vécu par Jésus jusqu’au bout, jusqu’à mourir par amour : il a accueilli les malades, les lépreux et les exclus de toutes sortes ; il a pardonné au larron repenti et à ses bourreaux.
De plus, il nous laisse de nombreuses paraboles qui disent ce qu’est le véritable amour : nous connaissons celle de la brebis perdue, celle du fils prodigue, celle du bon samaritain. C’est cet amour qui doit transparaître dans nos vies.
Aujourd’hui la question nous est posée : Qui peut aimer de cet amour dont nous parle l’Évangile d’aujourd’hui ?
Un prêtre avait posé cette question à l’assemblée ; un enfant a levé la main en disant : “y-a que Jésus qui peut nous aimer comme cela !”
Il avait raison.
Et en célébrant l’Eucharistie, c’est bien cela que nous allons demander au Seigneur : qu’il nous aide chaque jour à vivre de cet amour dont il est la Source. Chacun peut se demander quel changement il doit opérer pour vivre chaque jour à la manière du Christ.
Pour ne plus jamais dire : « Je suis quitte ; je suis en règle avec Dieu ; j’ai tout fait. »
Ce chemin que Jésus nous montre est difficile. Mais il ne nous laisse pas seuls : il nous donne la force nécessaire pour nous engager dans cette direction. Il ne se contente pas de nous donner des commandements : il nous offre sa grâce, c’est-à-dire son Esprit Saint qui se déploie dans notre faiblesse. Il nous rend ainsi capables d’avancer sur le chemin de son Amour.
Plus que jamais, nous pouvons faire nôtres les paroles de ce chant :
“ Au cœur de ce monde, le souffle de l’Esprit
Met à l’œuvre aujourd’hui des énergies nouvelles.”
Amen