Homélie du 5è dimanche de Pâques
Bien aimés du Seigneur,
Les textes liturgiques de ce 5è dimanche du temps pascal regorgent, à mon humble avis, d'expressions difficiles à cerner, voire à interpréter. Ces vocables sont : "ciel nouveau, terre nouvelle", " gloire, glorifié, glorification". En prenant ce matin le risque de vous livrer le fruit de ma méditation, je reste ouvert à vos éventuelles interprétations, car vos apports seront les bienvenus. Le plan de ma méditation sera en deux points :
Le premier point est intitulé comme suit : "voici que je fais toutes choses nouvelles", et le second :" Père glorifie ton fils, afin que le fils te glorifie".
"Voici que je fais toutes choses nouvelles"
Dans la vison que nous relate l'apôtre Jean dans le livre de l'Apocalypse, nous lisons effectivement ce qui suit :" voici que je fais toutes choses nouvelles". Terre nouvelle, ciel nouveau, nouvelle mer.
Eh bien ! Si l'on parle de " ciel nouveau, terre nouvelle en lieu et place d'ancienne terre ou d'ancien ciel, c'est simplement en référence à la première création sortie des mains de Dieu. En effet, au départ, Dieu créa le ciel et la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent. Puis après tout cela, Dieu créa l'homme et la femme et les fit maîtres et processeurs de la nature. Il leur dit :" soyez féconds et dominez la terre". Malheureusement l'Homme n'a pas su profiter de ce paradis terrestre qui lui a été confié et a pris des libertés qui l'ont éloigné de Dieu, son créateur. En transgressant la loi qui régissait le jardin d'Eden, l'homme s'est rendu vulnérable au péché puis à la mort. Pour pouvoir le racheter, Dieu va entreprendre de lui envoyer de nombreux prophètes et en dernier ressort son Fils unique Jésus-Christ. Celui-ci, pour sortir l'homme de l'ornière du péché, le payera chèrement de son sang sur une croix, le bois de supplice réservé aux scélérats. Evidemment pour sauver l'humanité, Jésus meurt sur la croix : c'est ce que nous rappelle chaque année les célébrations pascales. Jésus meurt, mais trois jours plus tard, il ressuscite. En montant au ciel vers Dieu son Père, il nous promet un défenseur, l'Esprit de vérité qui fait toutes choses. A la Pentecôte, l'Esprit annoncé descendit sur les disciples en langues de feu : Esprit saint, Esprit de force, la Ruah du Seigneur, l'Esprit qui féconde toutes choses et en fait des créatures nouvelles, l'Esprit qui réconforte, l'Esprit qui redonne vie et affermit. Celui qui s'ouvre à l'action de cet Esprit, accueille la vie de Dieu en lui-même. Et en le voyant vivre, on en sera si émerveillé qu'on dira à son sujet " voici la demeure de Dieu parmi les hommes". Celui qui reçoit l'Esprit, accueille en même temps, dans son cœur, le Fils de Dieu, l'Emmanuel qui n'est rien d'autre que "Dieu avec nous". Celui-là sera comparé à la nouvelle Jérusalem, et Jérusalem veut dire :" Ville de justice et de paix".
Oui chers amis, Dieu nous promet une terre nouvelle et un ciel nouveau, et pourtant, nous sommes parfois exposés à la malade, à la souffrance, aux pleurs et à la mort. Tout cela nous arrive à cause du péché qui a été introduit dans notre monde. Alors que faire ? Il nous faut tout simplement vivre constamment sous la mouvance de l'Esprit saint, l'Esprit qui nous dispose à accueillir les multiples manifestations de la miséricorde de Dieu à travers chacune de nos vies
2-" Père, glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie"
Quand on parle de " gloire" dans notre monde, on pense instinctivement au pouvoir, à la puissance, à la domination. Mais avec saint Jean, le mot "gloire" signifie carrément autre chose. La "gloire" pour saint Jean, c'est la révélation, la manifestation de l'amour infini de Dieu. Et pour mieux en saisir le sens, je nous replonge dans le contexte dans lequel Jésus emploie le terme "gloire ou glorification". C'était à la dernière cène, après le lavement des pieds aux disciples, que Jésus prononça cette phrase :" Père, glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie."
Cette révélation du visage bienveillant du Père, Jésus l'a prouvé durant toutes son ministère en guérissant les malades, en délivrant les possédés, en se faisant proche des pauvres et des désespérés de la vie. Avant d'entrer dans sa passion, le Christ laisse à ses disciples un commandement d'amour :"comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres."
Demandez à un jeune homme ce que c'est que l'amour ; il vous dira que c'est un sentiment charnel. Evidemment pour un jeune garçon ou jeune fille, l'amour c'est ce désir fort qui émane du cœur en face de l'être aimé ; et on brûle d'envie d'être tout près de ce dernier, sortir et se promener avec lui pour lui prouver qu'on ressent vraiment quelque chose pour lui.
Mais l'amour que le Christ nous recommande ici est au-delà du sentiment charnel. C'est un amour qui exige l'ouverture et l'attention à l'autre. Cet amour accueille l'autre comme un don de Dieu. L'amour du Christ est service. Et comme tel, il ne se limite pas à un discours théologique ou à des gesticulades. L'amour du Christ est service et en même temps témoignage. C'est un amour qui sait se mettre à la place de l'autre et l'accueille sans arrières pensées.
Seigneur Jésus-Christ, toi qui as su aller à la rencontre de toutes les couches sociales, trace-nous dans la simplicité la route qui mène vers l'homme, notre vis-à-vis et notre frère. Amen !