Homélie du quatrième dimanche du temps ordinaire
‘‘Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.’’
Jésus est tout au début de son ministère public. Après le rendez-vous des noces de Canaan, il se rend à Capharnaüm où il opère quelques miracles. Revenu à Nazareth, son village d’origine, il monte à la synagogue, à l’heure de la prière, le jour du sabbat suivant. On lui remit le rouleau pour faire la lecture. Il l’ouvrit et tomba sur le passage du prophète Isaïe: ‘‘l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle, … annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’’ Après lecture de ce passage, Jésus ajouta : ‘‘Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre.’’ Cet ajout de Jésus (aujourd’hui s’accomplit ce que vous venez d’entendre) suscita diverses réactions : l’émerveillement, la fureur, le mépris et enfin la révolte de la part de ses auditeurs. En témoigne la fin du texte de l’évangile que nous venons d’entendre : ‘‘ à ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.’’
‘‘Passant au milieu d’eux, il allait son chemin.’’
Jésus ne se comporte pas comme un prédicateur qui, fier de son prêche se met au porche de l’église ou de l’amphithéâtre pour recueillir les compliments de ses fidèles ou de ses apprenants. Il n’agit pas comme un orateur suffisant qui descend de sa chaire, les oreilles bien tendues pour écouter les éloges de ses auditeurs. Il va plutôt son chemin. Jésus est très libre, rien ne le retient, ni les paroles mielleuses, ni les mots de découragement, encore moins les stratégies de déstabilisation. Alors toi et moi, que faisons-nous ? Oui que faisons-nous lorsque tout le monde nous admire ou quand tout bascule brutalement ? Est-ce que, face à une situation troublante, nous avons souvent la sérénité qu’il faut.
La sérénité et la foi ! C’est bien ce qu’il nous faut apprendre à l’école du prophète Jérémie dans la première lecture d’aujourd’hui : ‘‘… avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré et fais de toi un prophète pour les nations…. Moi le Seigneur, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda, à ses princes, à ses prêtres et à tout le peuple. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi.’’
Evidemment le prophète Jérémie a connu des moments difficiles : il a traversé des situations troublantes dans l’exercice de sa mission. Il a connu la souffrance, la calomnie et le mépris de son peuple et même des membres de propre famille. Tout comme le prophète, Jésus lui aussi sera objet de contestation, il croisera l’adversité de la part de son peuple, et des personnes qui lui sont proches. Ces déboires du prophète Jérémie et de Jésus constituent par ailleurs le cri de détresse du psalmiste lorsqu’il murmure : ‘‘Si l’insulte me venait d’un ennemi, je pourrais l’endurer, si mon rival s’élevait contre moi, je pourrais me dérober. Mais toi, un homme de mon rang, mon familier, mon intime, tu as levé ta main contre moi et m’a frappé au talon.’’ Ps : 54,13-14.
Chers amis, en disant tout ceci, c’est pour nous faire comprendre la complexité de la mission du prophète. Ce dernier, pour tenir jusqu’au bout et réussir sa mission, est appelé à faire preuve de foi, de sérénité et de confiance en Dieu. Cette confiance en Dieu, n’est rien d’autre que l’amour véritable qui surmonte toute crainte.
Et justement, en parlant d’amour, cela nous fait penser aux quinze vertus qu’évoque saint Paul dans sa première lettre aux corinthiens que nous venons d’entendre en deuxième lecture. Il s’agit entre autre de la patience, du service, de l’humilité, la justice, la loyauté, la confiance, la vérité et j’en passe. Ces attributs de l’amour que Saint Paul énumère ne sont rien d’autre que des attributs de Dieu. Autrement dit, quand Paul dit : ‘‘l’amour prend patience’’, entendons simplement : ‘‘Dieu prend patience’’, ‘‘Dieu rend service, Dieu ne cherche pas son intérêt’’, ainsi de suite.
A l’école de saint Paul, nous comprenons alors que pratiquer l’amour, c’est suivre le Seigneur et agir tel qu’il agit, sans intérêt, sans calcul, en toute confiance et avec humilité.
Bien aimés du Seigneur, n’est-ce pas ce que Jésus nous recommande dans les évangiles lorsqu’il nous dit : ‘‘aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.’’ Puissions-nous, après écoute attentive de ce texte, nous engager sur les voix de l’amour vrai et sincère, Amen !