Dimanche dernier, Jésus était aux prises avec les disciples des pharisiens et des partisans d'Hérode qui tentaient de lui tendre un piège pour le prendre en défaut afin de le condamner. Mais très habilement, Jésus leur a servi une réponse devenue célèbre jusqu'à nos jours : "Donnez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu".
Aujourd'hui, c'est un docteur de la Loi qui le questionne : "Maître, quel est le plus grand commandement ?"
Le docteur de la Loi, qui est-il ?
C'est un technicien de la Loi, quelqu'un qui manie les Ecritures pour les avoir fréquentées, pour les avoir étudiées pendant quarante ans ; le docteur de la Loi, c'est quelqu'un qui est sensé avoir une bonne connaissance des Ecritures.
La Loi en Israël
En ce qui concerne la Loi : en Israël, il y avait 613 lois dont 365 interdits. 365 interdits : comprenez donc que chaque jour, une Loi obligeait le peuple à s'abstenir de faire telle ou telle chose.
Le docteur de la Loi demande à Jésus de lui préciser le plus grand commandement ; et Jésus de lui répondre : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ; et tu aimeras ton prochain comme toi-même". Le docteur de la Loi veut savoir le plus grand commandement et Jésus lui propose l'amour. L'amour est-il vraiment une loi à inscrire dans le code ? Y-a-t’ il vraiment un lien entre amour et commandement ?
Le commandement, c'est l'expression d'une contrainte, d'une obligation, d'une action qui nous est dictée de l'extérieur avec la menace du châtiment. L'amour par contre, est un sentiment spontané et gratuit, une attraction une contrainte qui jaillit du cœur de l'homme. Cette attraction est un élan intérieur qui nous pousse sereinement à l'action. Cela ne demeure pas moins une imposition, car c'est un désir qui prend naissance en nous et qui ne nous laisse pas la liberté de choisir. Un exemple tout simple : la pierre lancée en l'air, ou la pomme qui tombe de l'arbre, sont obligées de tomber ; non parce que quelqu'un le lui impose, mais parce qu'elle possède en elle-même une force interne de gravité qui l'attire vers le centre de la terre. Montrez un jouet attrayant à un enfant et vous le verrez s'élancer pour le prendre. Qui le pousse ? Personne. Il est attiré par l'objet de son désir. Montrez le Bien à une âme assoiffée de vérité et celle-ci s'élancera vers lui. Qui la pousse ? Personne. Elle est attirée par son désir.
Alors pourquoi Jésus commande-t-il d'aimer ?
Jésus nous recommande d'aimer parce que l'amour étant une force intérieure qui nous propulse vers ce qui nous séduit sans toujours nous laisser la liberté de choisir, il nous est possible de considérer tout ce qui nous attire comme bien, ou dans le pire des cas, de préférer tout objet attrayant à Dieu qui est incontestablement le Bien suprême.
Eh bien ! Observons le monde et ses merveilles, contemplons la beauté de l'univers, voyons les biens et les richesses qui nous entourent : tout cela peut facilement nous détourner de Dieu, le véritable bonheur auquel nous devons tendre.
Comme une navette spatiale qui, se dirigeant vers le soleil, doit suivre certaines règles pour ne pas tomber dans le champ de gravité d'un satellite intermédiaire, en s'écartant de sa trajectoire, Jésus nous recommande d'aimer Dieu par-dessus tout.
Alors, mon cher ami, dans cette pléthore de mirages, quelle place Dieu occupe dans ma vie, dans ta vie ? N'y a-t-il pas des domaines de notre vie où il n'intervient pas ? Cet amour que nous avons pour lui est-il vraiment intense, constant, profond ? Ne réservons-nous pas souvent à Dieu des miettes de notre vie, de notre temps, de nos capacités ?
Jésus nous demande également d'aimer le prochain comme soi-même. En quoi consiste concrètement cet amour ?
Cet amour consiste à aimer l'autre et non à s'aimer à travers l'autre. Très souvent, l'homme est amoureux de lui-même. Il s'aime à travers les autres. Il n'aime que ce qui lui apporte un certain épanouissement. C'est pourquoi son amour est sélectif, instable, ambigu. Lorsque nous disons que nous aimons une personne, c'est souvent parce que nous avons besoin de cette personne, de son affection, de ses qualités ou de ses richesses. Il est très rare que l'amour humain soit désintéressé.
Une jeune fille écrivait à son ami : " Tu dis que tu aimes les fleurs et tu les coupes, tu dis que tu aimes les oiseaux et tu les mets en cage, tu dis que tu aimes le chocolat et tu le manges. Alors quand tu me dis que tu m'aimes, j'ai peur, parce que je ne sais pas ce que tu vas faire de moi ". N'a-t-elle pas raison de se méfier ?
L'amour dont il s'agit dans cette page d'Evangile n'a rien à voir avec cette recherche de soi-même à travers les autres. Il s'agit d'un amour désintéressé qui n'est pas centré sur nous-mêmes, mais plutôt sur les autres. Quelle est la qualité de notre amour ? Savons-nous vraiment aimer ? Que faisons-nous pour que notre amour devienne plus chrétien ? Prenons le temps de répondre à ses questions.