DEUXIEME DIMANCHE DE CAREME B
En lisant et relisant les lectures de ce dimanche de Carême, il me semble intéressant d’en retenir cette idée, cet enseignement : nul doute qu’il y a un lien entre souffrance et gloire.
= Voyez Abraham d’abord… combien n’a-t-il pas souffert quand Dieu lui demande de sacrifier son fils, son unique qu’il aime tant ; cela est d’autant plus troublant que Dieu lui avait donné cet enfant de façon inattendue avec sa femme âgée ; Isaac était le fils de la promesse de Dieu ; par qui commencerait une multitude de fils dans la foi ! Comment cette contradiction en Dieu ?
Abraham ne comprend pas ; mais il obéit.
En fait, c’est lui qui devra sacrifier sa façon de croire en Dieu. Parce qu’à l’époque, il était courant de sacrifier les enfants pour les offrir ainsi à Dieu.
Oui, une horreur.
Eh bien depuis cette expérience unique d’Abraham prêt à sacrifier son cher fils, stoppé au dernier moment par Dieu, Dieu signait à tout jamais son ordre de ne jamais plus sacrifier les enfants pour les offrir à Dieu.
= Alors plus tard, on a offert des animaux sur l’autel du Temple de Jérusalem, petits et gros bétails selon le budget des gens. Et on pensait que la fumée de ces holocaustes, en brûlant, montait en odeur agréable jusqu’à l’Éternel.
Jusqu’à ce que le Seigneur dise par un ou autre prophète : « A quoi bon m’offrir tant de sacrifices ? dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’en veux plus ». C’est clair : inutile d’offrir à Dieu des sacrifices d’animaux.
= Troisième sacrifice, après les enfants, après les animaux, le sacrifice du Christ qui meurt sur la croix.
Ce sacrifice est très différent : il est le sommet de l’amour car il est l’amour du Père et du Fils en faveur des hommes, pour nous sauver de tout ce qui nous abime, notamment notre péché, et ainsi faire la gloire de Dieu son Père.
Rappelons que le sacrifice du Christ est unique et efficace une fois pour toute. Il n’y a donc plus besoin d’ autre sacrifice.
Mais tout n’est pas terminé avec sa mort sur la Croix. Il avait dit à ses apôtres qu’il serait arrêté, jugé, mis à croix… et qu’il ressusciterait trois jours après.
Eux n’étaient pas capables de comprendre ni d’admettre la mort de leur ami et Seigneur.
= Pour fortifier leur foi, Jésus se montre transfiguré. Par sa Transfiguration, il leur fait ce clin d’œil lumineux pour leur signifier que, certes il sera défiguré par une mort atroce, mais il en sortira vainqueur, ressuscité, non plus souillé de sang, de crachat et de haine mais resplendissant de lumière, non plus dé-figuré mais trans-figuré, beau, vainqueur, digne de foi.
Digne aussi d’être suivi.
C’est ainsi qu’être chrétien, ce n’est pas savoir qui est Jésus, connaître son histoire, ni même poser des actes religieux… du moins, cela ne suffit pas ! Il faut établir avec lui une relation vivante. C’est l’adhésion à Jésus et le contact avec lui qui nous pousse à vivre comme lui, c’est centrer notre vie sur Jésus. Vivre une relation consciente et de plus en plus engagée avec Jésus-Christ.
Nous le découvrons alors dans l’intimité de la prière, quand nous montons à la montagne des Ecritures et qu’avec l’Evangile, nous voyons vivre et parler Jésus, jusqu’à réaliser qu’il vit avec nous et qu’il nous parle dans cet évangile, comme un ami à un ami.
Cette relation avec le Christ dans la prière sera parfois difficile, comme les apôtres sur la montagne qui se sentent bien avec lui « dressons ici des tentes » ; mais qui en même temps ressentent une grande « frayeur » … Peu importe ce qui se passe dans la prière. Il faut y rester, sur cette montagne, et la gravir chaque jour.
Dans tous les cas, Dieu nous montre Jésus en nous disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le »
Prier c’est écouter, lire l’évangile pour écouter Jésus.
Alors nous sommes appelés à le suivre ensuite dans la plaine, dans la pâte humaine, au milieu de tous, pas seulement entre nous chrétiens.
Il est évident que nous devrons comme lui porter notre croix qui nous défigure plus ou moins certains jours ou certaines périodes de notre vie. Mais toujours avec Jésus.
« Suivre Jésus » exige un renoncement à soi-même, qui conduit à « perdre sa vie », c’est-à-dire à ne pas courir pour toujours gagner en ce qui concerne les affaires matérielles et le « moi je », le « moi d’abord » : il faut perdre cette manière de vivre pour nous consacrer à Dieu et à nos frères… sans rien attendre en retour, ni honneur, ni gloire, ni reconnaissance, ni fierté
… mais pour Dieu ; Dieu que nous retrouverons alors dans l’intimité de la prière… tout en restant toujours ouverts à la prochaine mission auprès des frères et sœurs en humanité.
C’est ainsi que le Seigneur nous transfigure avec lui, nous remplit de sa lumière, de sa vie et de sa gloire… et nous choisit comme photophores (ou portes-lumière) de sa présence pour que rayonne par nous son Amour qui est plus fort que la mort.
Amen