DEUXIEME DIMANCHE DE CARÊME A
Mes amis, voici trois composantes de la vie de Jésus qui sont indissociables :
= La gloire qui illumine le Christ le jour de la Transfiguration, c’est notre évangile en ce dimanche.
= Son agenouillement devant ses apôtres lors du lavement des pieds, jeudi Saint
= son visage défiguré sur la croix, vendredi Saint.
Ce sont là une seule et même réalité, l’amour. C’est cet amour qui attire les hommes à Dieu, dans l’Eucharistie, c’est cette façon d’aimer que le Christ nous communique.
L’homme qui communie au Corps et au Sang du Christ, s’engage à rechercher cette beauté divine sur les visages défigurés de ses frères, défigurés par la faim, la trahison, l’humiliation, la violence, le tourment, le péché…
Cette recherche de la gloire du Christ sur le visage des frères rapproche les hommes, les uns des autres, mais elle rapproche aussi du Christ. Aimer et servir le Christ dans ses frères, conduit à se détourner de soi pour donner au Christ la première place… et bien souvent, il illumine le cœur de ses serviteurs de la gloire de sa présence.
Ce matin, comme Pierre, Jacques et Jean, nous sommes venus à l’écart, à l’église, comme sur une haute montagne… pour rencontrer Jésus-Christ.
Nous ne voyons plus Jésus transfiguré, nous ne voyons plus, avec nos yeux, l’éclat de sa gloire divine mais il est là, c’est lui qui nous invite et il nous l’a promis : « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ».
Et nous sommes heureux d’être ici, j’espère, comme Pierre et il voulait même que se prolonge ce temps lumineux avec Jésus, loin de tout, loin du monde et des soucis… aussi il propose que l’on construise des tentes. Il veut retenir aussi Moïse et Élie…
Pierre désire demeurer dans cette ambiance céleste… et pratiquement mettre la main sur Dieu.
Et le récit continue : « Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les recouvrit ».
Aussi au moment où Pierre parle de construire trois tentes, Dieu donne pour son Fils beaucoup mieux qu’une tente, il fait descendre sur la terre, le tabernacle du ciel, la nuée lumineuse, le ciel nouveau et la nouvelle terre qui sera inaugurée par Jésus à sa résurrection.
Dans le Livre de l’Exode, lorsque la nuée du Seigneur a emplit la Tente de la rencontre, Moïse devait rester dehors. De même dans le 1er Livre des Rois, lors de l’inauguration du Temple et lorsque la nuée se mit à envahir le Temple, tous les prêtres ont dû sortir.
Or ici, c’est le contraire : Pierre, Jacques et Jean sont avec Jésus sous la nuée, cela signifie que désormais les hommes peuvent entrer dans la nuée de Dieu, c’est-à-dire s’approcher de Dieu.
Désormais le chemin du Ciel est ouvert aux hommes !
Pourtant ces trois disciples ont peur : « ils tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande craintes » nous dit l’évangile.
Pourquoi avoir peur de la voix de Dieu le Père dans la nuée quand il dit : « Celui-ci et mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
Oui, « Écoutez mon Fils Jésus » dit Dieu.
Et Jésus alors encourage ses trois disciples, il les touche et leur dit : « Relevez-vous ! Soyez sans crainte ! »
Et ses paroles de confiance, d’encouragement sont aussi pour nous aujourd’hui.
Alors parfois les chrétiens, vous et moi, ont peur parce que le monde actuel leur apparaît plus dur, et ils ont tendance à se protéger, à se replier sur eux-mêmes, à enfermer Dieu dans les murs de leurs églises de peur qu’il leur échappe…
Or, c’est le contraire qui devrait se produire car désormais la nuée du ciel, la présence de Dieu, recouvre la terre entière ; si nous ne voulons pas que Jésus-Christ nous échappe, si nous voulons rencontrer le visage véritable de Jésus-Christ, il faut aller vers nos frères et sœurs car c’est là qu’il a planté sa tente ; et l’espace de sa tente correspond aux dimensions de l’humanité, aucun homme n’en est exclu.
Désormais Jésus, le Fils bien-aimé de Dieu, a pour toujours mis le ciel sur la terre en habitant chez les hommes ; la vie de chaque homme, de chaque femme, est ainsi, en quelque sorte transfigurée par lui ; la porte du ciel est ouverte, une espérance immense nous est accordée.
C’est cela la Bonne Nouvelle dont notre monde a besoin… Comment l’annoncer ?
En reconnaissant le visage de Jésus-Christ, sous les traits du pauvre, du malade, du blessé, de l’étranger, du prisonnier.
Le chrétien doit être un frère universel qui reconnaît en tout homme le visage du Christ, son Roi ; notre foi dans le Christ deviendra ainsi délicatesse et respect profond pour nos frères ; et par nos mains Dieu pourra sauver le monde.
On ne doit pas enfermer Jésus de peur qu’il nous échappe, mais on doit chercher son visage dans la vie des hommes pour que Dieu puisse allumer en eux la lumière de sa présence.
Amen