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La Paroisse
Homélie du 24ème dimanche du temps ordinaire
Homélie du 24ème dimanche du temps ordinaire

| Jean-Marc Lavigne 1029 mots

Homélie du 24ème dimanche du temps ordinaire

24ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE  B

 

          Qui donc était Jésus ? Plus que jamais aujourd’hui on parle de lui dans toutes sortes d’études et de publications, chrétiennes ou non.

          Saint Marc le présente aujourd’hui faisant un petit sondage d’opinion auprès de ses disciples. Il leur pose une question en deux étapes.

 

          = La première est celle-ci : « Au dire des gens, qui suis-je ? »

 

          Jésus semble avoir déjà une grande réputation, sans doute même en terre païenne où il se trouve. – Césarée-de-Philippe est située à 40 km au nord de la Mer de Galilée et sur la base du mont Hermon, là où se trouve l’une des plus grandes sources nourrissant l’eau du Jourdain.

Les gens ont des idées vagues sur sa personne. C’est un prophète, mais lequel ? Est-il Jean-Baptiste revenu à la vie, ou Élie dont le retour était prédit ou encore un autre prophète ? Jésus serait-il ainsi un revenant ? Bref, beaucoup sont perplexes. Et c’est ce que rapportent les disciples à Jésus en réponse à sa première question.

 

= Jésus pose ensuite aux disciples la deuxième question qui les engage directement : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? »

 

          Pierre, s’exprimant sans doute au nom de tous, reconnaît Jésus comme le Christ (le Messie). C’est pour cette raison qu’ils ont répondu à son appel et accepté de le suivre. Mais pour eux comme pour tous ceux qui suivent Jésus, le Messie attendu est perçu comme un libérateur plus politique que religieux.

          Pierre se trompe donc quand il se met à donner des leçons à Jésus et à lui faire « de vifs reproches » après son annonce du rejet qu’il va subir, de ses souffrances et de sa mort.  

Pierre se trompe quand il pense que Jésus doit se défendre avec les armes de ses ennemis, qu’il doit dire non à la mort qui l’attend. Comme ses amis il veut imposer au Christ son projet, ses manières de penser et d’agir.

 

          Face à Pierre et ses idées, la réaction de Jésus est nette et rude. Il interpelle vivement Pierre devant tous les disciples, car tous doivent l’entendre. Il le traite même de « Satan. »

Il est vrai qu’au désert, Satan qui avait tenté Jésus avait tenu le même discours que Pierre : « si tu es le Fils de Dieu, change les pierres en pain, prends le pouvoir sur le monde, jette-toi du haut du temple et échappe à la mort ».

N’est-ce pas cela que le peuple attend d’un Messie glorieux, un chef religieux libérateur, vainqueur des occupants ?

 

Et bien non, ce n’est pas pour cela que Jésus est venu de la part de Dieu son Père ; il dit à Pierre que ses pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. Et il lui donne un ordre : « Passe derrière moi ».

          Jésus remet Pierre à sa place, qui est de se tenir derrière lui et non devant lui.

 

Pourtant, et c’est très beau, malgré ce que pensent Pierre et les disciples (dans leurs vues trop humaines) Jésus leur maintient sa confiance.

Remarquons bien que c’est sur Pierre, cet homme versatile, oui versatile parce qu’il a raison un moment et puis se trompe, il dit sa foi et puis trahit, il trahit mais se met à pleurer amèrement… et puis revient pour affermir ses frères : c’est à ce même Pierre (qui parait une pierre bien friable) que Jésus dit : « Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Église. »

 

Notre Église ressemble bien encore à Pierre quand elle veut se mettre en avant et ne suit pas les pas de son maître.

Quand elle prend les chemins de la gloire et du pouvoir politique, et non pas ceux de la souffrance, de la miséricorde et du service.

Quand elle se préoccupe d’elle-même et non de l’Évangile.

Alors, elle se trompe, comme Pierre.

 

Plus que jamais, à nous chrétiens et à toute l’Église, Jésus pose encore sa question : « Pour vous, qui suis-je » ?

Comme Pierre nous proclamons notre foi en lui, mais parfois aussi nous nous trompons à son sujet. Nous le renions quelquefois par lâcheté, ou plus sournoisement nous nous réclamons de lui pour des intérêts humains, personnels ou communautaires, contraires à ce qu’il a dit et fait.

Mais parfois aussi nous revenons à lui, heureusement, et nous retrouvons la pureté de l’Evangile qui colore notre vie de façon belle et responsable.

 

          Cette pureté de l’Evangile nous est présentée par Jésus à la fin du texte : il dit quel Messie il ne veut pas être et révèle à l’avance quel sera son visage au moment le plus crucial de sa vie et de son message.

          Il dit qu’il réalisera ce qu’avait annoncé le prophète Isaïe dans son « chant du serviteur souffrant » dont nous avons lu un passage dans la première lecture. Un texte formulé à la première personne en totale cohérence avec ce que Jésus annonce à ses disciples. On croit entendre déjà l’expression de sa confiance en son Père face à la Passion qu’il va subir et face à ses bourreaux.

 

Retenons-en une petite phrase d’Isaïe qui résume ce qu’a choisi et vécu Jésus : « Je ne me suis pas dérobé ». N’est-ce pas le chemin qu’il a pris et qu’il nous invite à suivre si nous sommes ses disciples ?

Ne sommes-nous pas tous tentés de nous dérober face aux œuvres du mal, face aux gens qui souffrent et sont perdus en particulier en cette période troublée avec son lot de problèmes personnels, familiaux, professionnels, culturels et spirituels ? Jésus a pris sur lui jusqu’au bout toutes les détresses humaines. Il ne s’est pas dérobé devant elles.

À nous aussi de ne pas nous dérober à nos semblables quand ils sont en détresse. La petite phrase d’Isaïe (« Je ne me suis pas dérobé ») convient parfaitement aux conseils que donne saint Jacques, notre deuxième lecture. Il nous éclaire sur ce qu’est la manière de suivre le Christ qui marche devant nous et qui est notre maître pour nous apprendre comme lui à ne pas nous dérober. « La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. »

 

                                                           Amen

 

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"Tu es le Christ" répond Pierre ©
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