19ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C
Fête Basque – Euskal Besta – 2019
Il y a six ans, nous lisions cette même page d’Evangile pour la Fête Basque – Euskal Besta.
Je vous avais parlé alors de la tenue de fête puisque Jésus vient de nous dire : « Restez en tenue de service ».
Et j’en concluais que la fête est un service que l’on rend à une commune dans la diversité et la richesse de sa population.
Aujourd’hui, je retiens la seconde demande de Jésus : « Restez, votre ceinture autour de reins ».
Et tout naturellement, je pense à « gerrikoa » cette large bande de tissu qui ceinture notre taille quand nous revêtons la tenue de nos fêtes : elle est souvent noire mais peut être en couleur. Monsieur la maire en a même une beigne très jolie.
Gerrikoa, la ceinture autour des reins, est aussi une précieuse sécurité pour ceux qui pratiquent les sports basques : comme les leveurs de pierre par exemple.
La ceinture possède une grande richesse symbolique. Le point de départ provient de l'habitude qu'on avait d'accrocher des armes à sa ceinture. Dans un contexte social où la nécessité de se défendre survenait souvent, les armes (comme le bâton ou l'épée) devaient se trouver à portée de la main : les accrocher à sa ceinture devenait un signe d'intelligence et de défense bien pensée.
De même, pour travailler dans les champs, on repliait un vêtement long dans la ceinture. Manier la faucille devenait plus facile et plus rapide.
Bref, la ceinture procure une meilleure défense et un travail nettement plus efficace.
Finalement, mettre une ceinture c’est se disposer à agir. Comme si tout notre corps ainsi « ceinturé » était revêtu de sa belle valeur symbolique d’engagement, de vigilance, de dépassement de soi, de responsabilité.
De plus, dans la Bible, les reins sont le siège de l’amour (comme le cœur est le siège de la pensée et non le cerveau). « Dieu connait les reins et les cœurs » lit-on dans plusieurs versets de la Bible. Ce qui veut dire que Dieu connait nos sentiments et nos pensées. La ceinture aux reins symbolise notre disponibilité à la volonté de Dieu.
Ainsi Jésus dit, aujourd’hui dans l’évangile, que pour l'accueillir en Seigneur de gloire à la fin des temps, il faut comme une ceinture de vertus et de bonnes œuvres. « Restez votre ceinture autour des reins ». (Luc 12, 35).
Alors nos « gerrikoa » d’aujourd’hui, peuvent devenir le symbole de notre belle volonté d’homme et de femme engagés ; d’aucun diront de notre combat spirituel :
= Ce combat spirituel est d’abord un engagement à ouvrir la porte au Seigneur.
Car, dit Jésus, le maître, Dieu, frappe à la porte de sa maison, c’est-à-dire à la porte de notre cœur pour y habiter et nous nourrir. Pour entendre le Seigneur frapper ainsi, nous devons être réveillés, nous devons veiller. Lui ne s’imposera pas à nous, il ne forcera pas la porte ; le Seigneur propose, c’est nous qui disposons.
Certains d’entre nous sont conscients, je le sais, d’être restés longtemps sourds à cette entrée du Seigneur dans leur vie. Ils l’ont fait dans leur enfance puis ce fut comme une porte fermée par un courant d’air, ce n’est pas plus méchant que cela… on dirait même que la porte est restée entrebâillée…
Alors je reprends pour nous aujourd’hui les paroles de saint Jean-Paul lors de sa première homélie de pape, pour son intronisation : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice. Ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait « ce qu’il y a dans l’homme » ! Et lui seul le sait ! »
= Ce combat spirituel est aussi un engagement à ne pas laisser fermée notre porte à nos frères.
C’est là que la lampe allumée de l’évangile doit être bien vive dans nos vies : que nos consciences soient éclairées, que nos analyses puis nos actions soient éclairées.
Alors nous saurons ouvrir sans peur nos portes aux besoins de nos frères qui frappent à nos portes.
Et en ce dimanche de la Fête Basque, nous faisons l’expérience que tout le monde est digne de relations, d’attention, de sourire, de fête, et donc aussi de dignité toute l’année. La fête nous rapproche, elle adoucit nos clivages et nos combats, elle est comme un bout de ciel sur la terre pendant quelques temps… La fête est, comme en miniature, la maquette d’une commune qui bat d’un même cœur dans la paix.
Quand on ouvre cette porte de la fête, on ne doit plus la refermer. Elle ouvre sur le service sans arrière-pensée, sans calcul, toujours, partout et pour tous.
= L’Eucharistie, c’est le Seigneur qui nous sert à sa table, n’ayant pas quitté sa ceinture de service jusque sur la croix. En nous servant son amour et sa vie que nous recevons en communion, il nous rend courageux et heureux pour servir.
Et à la fin des temps, nous serons ses convives pour le banquet éternel, il détruira la mort pour toujours, il nous comblera de ses abondantes richesses et nous fera rester dans son amour éternellement.
En attendant, et de fêtes en fêtes, à Hendaye, nouons notre gerrikoa avec fierté et respectons son symbolisme, chaque année plus engageant.
Amen