QUINZIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B
Rappelez-vous du jour où on vous a confié une responsabilité que ce soit dans le domaine professionnel, associatif ou paroissial… et de ces premières heures où vous l’avez exercé…
Moi-même au seuil de la nouvelle mission que vient de me confier notre évêque, je la reçois avec son poids d’inconnu, comme une première nomination…
Les Douze apôtres s’en souviennent aussi de ce jour où à l’appel du Christ ils sont devenus des envoyés. Jésus leur avait alors donné des consignes…
Ces consignes, malgré les 2000 ans qui nous séparent de l’évènement et compte tenue du décalage culture, ces consignes donc demeurent néanmoins des points de référence stables que Jésus prend soin de léguer à son Eglise et qui nous concerne donc, tout un chacun.
Faire confiance
Jésus passe le relais à ses disciples. Ils viennent de leur vie simple de pêcheurs, d'agriculteurs, de fonctionnaires. Leur foi est encore fragile. Pourtant, le Maître commence à leur confier l'Évangile. Il leur délègue son pouvoir de salut. Il leur remet déjà l'avenir.
Cette décision de Jésus est exemplaire pour tous ceux qui dirigent autant dans l’Eglise que dans la société. Ils doivent savoir déléguer et faire confiance pour l'efficacité présente et pour la préparation de l'avenir... Faire confiance à quelqu'un, c'est lui permettre de se révéler, de se dépasser, de donner le meilleur de lui‑même.
Faire équipe
Cet envoi des disciples en duo n'est pas un détail secondaire… C'est sans doute pour qu'ils puissent s'entraider en cours de route, se réjouir de leurs succès, se réconforter aux heures de déception.
Jésus les envoie "deux par deux" surtout pour donner du poids à leur témoignage. A cette époque, seule la parole concordante de deux témoins était recevable.
L'annonce de l'Évangile nécessite l'appui et la garantie d'une communauté qui vérifie et authentifie le message. Agir en franc-tireur et faire du témoignage une affaire personnelle n'aboutit qu'à de maigres résultats, par ailleurs éphémères. Acceptons‑nous de travailler et de témoigner ensemble dans notre paroisse et ses différents services ?
Le synode sur la synodalité en cours nous rappelle que depuis les origines, nous sommes envoyés ensemble pour écouter l’Esprit, pour converser les uns avec les autres, pour nous éclairer et progresser sur le chemin de la mission.
Repousser le mal
Jésus donne à ses apôtres le pouvoir et donc la nécessité de repousser les esprits mauvais. Si on s'attache au sens profond de la prescription, on voit toute son actualité. Les esprits mauvais dont parle Jésus se logent au fond du cœur, là où prennent naissance presque tous les malheurs du monde. Jésus exhorte donc ses apôtres à toucher les cœurs pour qu'ils se convertissent. Évangéliser, c'est inviter ceux et celles qui accueillent la Bonne Nouvelle de l'Évangile à se façonner un cœur nouveau, semblable au cœur de Dieu et au cœur du Christ.
Croire aux moyens pauvres
Les apôtres partent allégés au maximum. La consigne de Jésus est de "ne rien prendre pour la route" sauf ce qui est nécessaire pour beaucoup se déplacer : "Un bâton et des sandales".
Ne pas miser sur la richesse et la puissance.
L'évangélisateur authentique se présente les mains vides, n'ayant pour bagages que la richesse de son amour et la beauté du message qu'il proclame. Cette consigne ne conduit pas au rejet des moyens contemporains utiles à la diffusion des messages, mais elle force à ne pas confondre les deux lorsqu'il s'agit d'évangélisation. Pas besoin d'être riche, d'être bardé de diplômes ou d'avoir à sa disposition les outils les plus sophistiqués pour prêcher Jésus Christ et son Évangile. Ce sont les qualités du coeur qui comptent avant tout.
Les moyens pauvres particulièrement efficaces sont l'accueil, le service, la compassion, la simplicité dans les relations humaines, la solidarité concrète, la joie...
Ne pas se décourager
Jésus avertit les douze premiers messagers : proclamer une parole de conversion n'est pas une tâche facile : Amos le berger en a fait l'expérience, lui que le prêtre de Béthel avait chassé de son territoire parce qu’en bon prophète il disait la vérité.
Les apôtres seront parfois mal accueillis et rejetés. Sans se décourager, sans chercher à embrigader à tout prix, ils auront à « partir ailleurs », plus loin, prêts à tous les recommencements patients.
Cette prescription met en relief le fait que le message évangélique, qui est message de liberté, doit être accueilli dans la plus grande liberté. Dieu n'impose rien, il propose beaucoup. Ses disciples ont à l'imiter.
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En conclusion et résumé je vous redonne ces consignes du Christ pour nous et toute l’Eglise :
« Faire confiance, faire équipe, repousser le mal, croire aux moyens pauvres, et ne pas se décourager ».
Ces consignes sont comme en filigrane des paroles du prêtre à la fin des messes quand il nous dit : « Allez dans la Paix du Christ ! » car l'Eucharistie terminée nous sommes envoyés en mission annoncer l’Evangile.
Amen