13ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C
Je réalisais tout à l’heure en revêtant la chasuble verte que je ne l’avais pas revêtue les dimanches depuis la fin du mois de février, soit quatre mois… il y a eu le temps du Carême en mars (couleur violette) ; la semaine sainte (couleur rouge, blanche) ; Pâques et le temps pascal (couleur blanche ou dorée) ; Pentecôte (couleur rouge) ; Sainte Trinité et Fête Dieu (couleur blanche ou dorée).
Et nous voilà donc revenus au temps dit ORDINAIRE avec la couleur espérance.
Mais rien n’est ordinaire pour Dieu. Ni pour nous finalement. Ni pour notre vie chrétienne.
Nous devons faire nôtres les exigences que révèle ce passage de Luc : « Jésus prit la route de Jérusalem. » Il sait où cela le conduira. Il l’assume d’autant plus qu’il s’agit là de sa mission de s’abaisser, de prendre la condition de serviteur, d’être obéissant jusqu’à la mort et la mort sur la croix.
Il s’agit aussi de notre propre vocation et lorsque le prêtre, nous envoie en fin de messe en nous disant : « Allez dans la paix du Christ », c’est bien pour que nous aussi, nous quittions le confort de nos églises et prenions la route vers nos frères, notre Jérusalem.
Et cet envoi en mission, des lèvres même de Jésus, est aujourd’hui :
« Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu »
L’Évangile de ce jour pourrait nous mettre mal à l’aise si nous prenions au mot l’appel à la violence des Apôtres ou la remise en question par Jésus des valeurs familiales ou du respect des morts. Comment accueillir ces paroles révélées ?
Les Apôtres n’ont pas encore compris que le Royaume de Dieu n’était pas de ce monde et qu’il excluait toute forme de violence. Eux, face aux opposants, étaient prêts à leur envoyer le feu du ciel pour les détruire. Jésus les réprimande. C’est plus tard que ces mêmes apôtres comprendront à la lumière de la Résurrection et de Pentecôte que témoigner du Christ ne fait pas endosser une armure de combattant haineux, mais qu’ils doivent assumer les critiques et les refus et rester des hommes de paix et d’amour.
Quant à Jésus, on nous dit qu’il avait « le visage déterminé » ; me mot à mot de la traduction est : Jésus “durcit sa face” en montant à Jérusalem ; exprimant qu’il est résolu à aller jusqu’au bout du don de lui-même, parce qu’il a pris le parti de nous aimer sans réserve. Et cela sera exigeant pour lui.
Comme le sportif dont le rictus se durcit dans l’effort quand la compétition se révèle serrée.
Donc en chemin pour Jérusalem, Jésus fait trois rencontres qui révèlent cette détermination qu’il a en lui :
Première rencontre : un homme désire s’attacher à lui. Jésus, sachant qu’on le recherche, montre que le suivre n’a rien de confortable : Il faut aller de lieux en lieux et continuer sans relâche à annoncer l’Évangile. « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Puis, deuxième rencontre : Jésus appelle un homme à le suivre. Et lui demande-même ne pas s’arrêter au décès de son père : l’annonce du Royaume est en urgence.
Enfin, à un autre qui veut le suivre, il demande, comme Élie à Élisée, de ne pas s’attacher au passé qui empêche d’avancer au-devant du Royaume qui vient.
Pour autant, les disciples de Jésus, prendront bien soin de son corps crucifié et c’est avec un grand respect que les premiers chrétiens enseveliront leurs défunts jusqu’à célébrer l’Eucharistie sur les reliques de leurs corps.
Quant aux valeurs familiales, Jésus les rappellera lorsqu’Il demandera aux pharisiens, qui délaissaient matériellement leurs parents au profit du Temple de Jérusalem, de respecter le commandement de Dieu : « Honore ton père et ta mère »
Cet Évangile de St Luc révèle une exigence : celle d’inventer constamment notre façon de mettre au centre de notre vie quotidienne l’annonce de la Bonne Nouvelle, en actes et en paroles. Je dis bien au centre, pas « après le reste », ou « si j’en ai le temps » ou « oui oui mais demain »… en définitive on ne fait rien quand on repousse ainsi.
Jésus, lui, annonce la Bonne Nouvelle à temps et à contretemps. Il n’est pas esclave de sa peur devant ses adversaires qui veulent le supprimer.
Il n’est pas esclave de ses pulsions violentes, comme le sont ses Apôtres face à la contrariété.
Il n’est pas non plus esclave de son entourage et des règles sociales qui ont été dressées.
Il est libre, de cette liberté dont parle St Paul dans la deuxième lecture de ce jour et qui vient de ce qu’Il se laisse conduire par l’Esprit de Dieu.
Dans plus ou moins longtemps, nous allons commencer des vacances. Ou du moins, nous vivrons peut-être à un rythme moins soutenu qu’en période scolaire.
Que ce temps d’été nous permette de prendre du recul sur notre vie quotidienne et nous poser ces quelques questions :
Qu’est-ce qui est important ?
Qu’est-ce qui nous aliène ?
Qu’est-ce qui peut nous libérer dans tel ou tel domaine de nos activités ?
Enfin, l’amour de Dieu, de sa Parole, la détermination à faire sa volonté et à servir les autres, sont-ils prioritaires ?
Finalement, cette page d’évangile du retour au temps ordinaire, nous montre bien qu’il n’y a rien d’ordinaire, mais qu’au contraire toute parole, tout geste, tout pas sur quelque route que ce soit, sont autant de marques de vie, de courage et de détermination et cela, parce que le Seigneur marche avec nous, nous éclaire de sa Parole et se donne totalement pour nous.
Prions donc tous les uns pour les autres pour être à la hauteur de notre mission et de notre foi.
Osons donc regarder de l’avant parce que si parfois le Seigneur « se retourne » et cela à plusieurs reprises dans les Evangiles, ce n’est pas pour revenir en arrière mais nous conduire toujours de l’avant : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. » Amen !