TREIZIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B
La Parole de Jésus n’a pas seulement le pouvoir de vaincre la tempête de la mer (Évangile de dimanche dernier), mais le mal, la maladie et la mort (Évangile de ce dimanche). La foi en lui nous donne son propre pouvoir de vie : il nous guérit de tout mal, physique et spirituel, et nous donne une nouvelle vie dans l’amour qui est plus fort que la mort.
La foi n’est pas d’abord l’adhésion à un ensemble de croyances. Elle est relation avec Dieu, de personne à personne, mettant en jeu l’intelligence, l’affectivité et la volonté : elle est la prière, dans laquelle Dieu parle et l’homme lui répond. La foi est l’acte de se confier au Christ et de suivre le chemin salutaire qu’il a tracé.
Le long passage de l’Evangile de ce dimanche relate deux miracles encastrés l’un dans l’autre : la guérison d’une femme souffrant de pertes de sang, et la résurrection de la fille du chef de la synagogue, Jaïre.
La foi est le fil rouge qui unit ces deux miracles, une foi qui non seulement guérit et redonne la vie, mais sauve en donnant à la vie toute sa plénitude.
Comme dit le pape François : « À l’homme qui souffre, Dieu ne donne pas un raisonnement qui explique tout, mais il offre sa réponse sous la forme d’une présence qui accompagne, d’une histoire de bien qui s’unit à chaque histoire de souffrance pour ouvrir en elle une trouée de lumière ».
Pourquoi Jésus donne-t-il de l’importance au geste de cette femme qui ne veut pas se faire remarquer et touche à peine le manteau que Jésus a sur le dos ?
Il faut savoir que la loi de Moïse déclarait impure la femme qui avait des pertes de sang, et celui qui la touchait devenait impur à son tour. Voilà pourquoi la femme touche le vêtement de Jésus en cachette, profitant de la foule, et pourquoi elle se sent si coupable, et si pleine de crainte et si tremblante, quand on la découvre.
Et c’est la seule raison pour laquelle Jésus fait savoir ce qui se passe : pour déclarer publiquement, devant tout le monde, que d’avoir été touché par la femme ne fait pas de lui un homme impur, que la foi va au-delà de ce qui est pur et impur selon la loi.
Ainsi, publiquement, le Sauveur dit à la femme qui lui a « volé » le miracle : « Va en paix, ta foi t’a sauvée ».
La foi est au centre également de la guérison de Jaïre : « Ne crains pas, crois seulement ». Croire en la puissance de Jésus, une puissance capable de t’atteindre là où tu es, dans ta situation du moment, victorieuse jusque dans la mort. Le grand miracle c’est la victoire sur la mort. En effet, le salut ne serait pas entier s’il n’était pas pour toujours. La Parole de Dieu redonne la vie, la donne à jamais.
Comme nous le voyons, ce n’est pas tant sur les deux miracles que porte l’attention mais sur la foi de ceux qui les demandent.
La foi est indispensable au miracle.
Jésus ne fait pas de miracles pour forcer, à tout prix, le cœur de l’homme, en l’impressionnant.
Les miracles sont des signes qui sont au service de la foi, mais ils ne diminuent pas le courage de croire.
Les miracles sont un don, une réponse à la sincérité et à la pureté du cœur de l’homme qui cherche le Seigneur et mendie la guérison du corps et de l’âme.
Jésus n’accomplit pas de miracles, là où les hommes prétendent fixer eux-mêmes les façons d’agir de Dieu. Le miracle est la libre réponse de Dieu à la mendicité de la créature humaine.
Hélas, souvent nous sommes aveugles devant tant de signes que Dieu accomplit, nous n’avons pas le cœur ouvert pour les déchiffrer et le courage de nous décider.
Nous demandons de nouveaux signes, toujours de nouveaux signes, et pendant ce temps-là nous ne voyons pas les nombreux signes que Dieu a déjà semés – de sa propre initiative – le long du chemin de l’histoire et de notre vie.
Nous devons demander mais d’un cœur pur et avec componction. Ce mot « componction » j’ai aimé le retrouver et je lisais qu’il signifie (par son étymologie) brûlure provoquée par une piqure. Non ce n’est pas un effet du vaccin contre la COVID… !
Cette brûlure que provoque en nous l’amour de Dieu manifesté en Jésus touche notre cœur de pécheur.
La componction ne renvoie ni au sens de la faute ni aux scrupules, mais à l’amour, car elle vient de la considération que Dieu nous aime et que « le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs »
L’important est de persévérer et de faire grandir cette foi en nous. Même quand le doute nous assaille, même si notre foi n’a rien d’héroïque, laissons la Parole de Dieu habiter notre cœur, laissons le Nom du Christ monter à nos lèvres avec cette même obstination qu’ont les amoureux à s’appeler l’un l’autre avec tendresse.
La foi est un acte très humain, vital, qui tend vers la vie et s’oppose à la mort. La foi est un acte de l’intelligence et un abandon de la volonté, qui nous colle à Dieu comme un enfant colle au sein de sa mère. Puis comme des enfants au cœur sevré par leur mère nous restons dans les bras de Dieu pleins de confiance.
Je termine par une citation de saint Paul VI :
« La foi est un acte et de conviction et de confiance qui envahit toute la personnalité du croyant et engage sa manière de vivre. » (Paul VI, novembre 1966).
Amen