NOEL 2022
Dans la nuit se lève une lumière. Un ange apparaît, la gloire du Seigneur enveloppe les bergers et, enfin, arrive l'annonce attendue depuis des siècles : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ».
Ce que l'ange ajoute est toutefois surprenant. Il indique aux bergers comment trouver Dieu descendu sur terre : « Voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire »
Voici le signe : un enfant. Tout est là : un enfant dans la pauvreté crue d'une mangeoire.
Il n'y a plus de lumières, de splendeur, de chœurs angéliques. Seulement un enfant. Rien d'autre.
Comme l'avait prédit Isaïe : « Un enfant nous est né ».
L'Évangile insiste sur ce contraste. Il raconte la naissance de Jésus en commençant par César Auguste qui recense la terre entière : il montre le premier empereur dans sa grandeur. Mais, tout de suite après, il nous emmène à Bethléem, où il n'y a rien de grand : juste un pauvre enfant emmailloté, entouré de bergers.
Et C’est là qu’est Dieu, dans la petitesse. Voici le message : Dieu ne chevauche pas dans la grandeur, mais descend dans la petitesse. La petitesse est la voie qu'il a choisie pour nous rejoindre, pour toucher notre cœur, pour nous sauver et nous ramener à ce qui compte.
Frères et sœurs, alors que nous nous tenons devant la crèche, regardons-en le centre : contemplons l'Enfant. Dans sa petitesse, il y a Dieu tout entier.
Laissons-nous traverser par cet étonnement scandaleux :
Celui qui embrasse l'univers a besoin d'être tenu dans les bras.
Lui, qui a fait le soleil, a besoin d'être réchauffé.
La tendresse en personne a besoin d'être choyée. L'amour infini a un cœur minuscule, aux faibles battements.
La Parole éternelle est enfantine, c'est-à-dire incapable de parler.
Le Pain de Vie doit être nourri.
Le Créateur du monde est sans demeure.
Aujourd'hui, tout est renversé : Dieu vient petit dans le monde. Sa grandeur s’offre dans la petitesse.
Et nous - demandons-nous - savons-nous accueillir ce chemin de Dieu ? C'est le défi de Noël : Dieu se révèle, mais les hommes ne le comprennent pas.
Il se fait petit aux yeux du monde et nous continuons à chercher la grandeur selon le monde, peut-être même parfois en son nom. Dieu s'abaisse et nous voulons monter sur un piédestal. Le Très-Haut indique l'humilité et nous voulons paraître. Jésus naît pour servir, et nous passons notre temps à courir après le succès. Dieu ne cherche pas la force et le pouvoir, il demande la tendresse et la petitesse intérieure.
Voilà ce que nous pouvons demander à Jésus pour Noël : la grâce de la petitesse. “
« Seigneur, apprends-nous à aimer la petitesse. Aide-nous à comprendre que c'est la voie de la vraie grandeur ».
Mais qu'est-ce que cela signifie, concrètement, accueillir la petitesse ? Tout d'abord, cela signifie croire que Dieu veut venir dans les petites choses de nos vies, il veut habiter les réalités quotidiennes, les gestes simples que nous accomplissons à la maison, en famille, à l'école, au travail. C'est dans nos vies ordinaires qu'il veut réaliser des choses extraordinaires.
Et c'est un message de grande espérance : Jésus nous invite à valoriser et à redécouvrir les petites choses de la vie. S'il est là avec nous, que nous manque-t-il ? Laissons alors derrière nous les regrets de cette grandeur que nous n'avons pas. Renonçons aux plaintes et aux visages tristes, à l'avidité qui nous laisse insatisfaits ! La petitesse, l’émerveillement de ce petit enfant : tel est le message.
Dieu veut aussi venir dans notre petitesse, dans ce qui nous fait sentir faibles, fragiles, inadéquats, et même ratés.
Là Dieu noud dit : « Je t'aime comme tu es. Ta petitesse ne m'effraie pas, tes fragilités ne m'inquiètent pas. Je me suis fait petit pour toi. Pour être ton Dieu, je suis devenu ton frère. Frère bien-aimé, sœur bien-aimée, n'aie pas peur de moi, mais retrouve en moi ta grandeur. Je suis proche de toi et je te demande seulement cela : fais-moi confiance et ouvre-moi ton cœur ».
Accueillir la petitesse signifie une chose de plus : étreindre Jésus dans les petits d'aujourd'hui. C’est-à-dire l'aimer dans les derniers, le servir dans les pauvres. Ce sont eux qui sont les plus semblables à Jésus, né pauvre. Et c'est en eux qu'il veut être honoré. En cette nuit d'amour, qu’une seule peur nous saisisse : celle de blesser l'amour de Dieu, le blesser en méprisant les pauvres par notre indifférence. Ils sont les préférés de Jésus, et ils nous accueilleront un jour au Ciel.
Regardons une dernière fois la crèche.
Regardons et comprenons que tout ce qui entoure Jésus est recomposé dans l'unité : il n'y a pas seulement les derniers, les bergers, mais arriveront bientôt les savants et les riches, les Mages. À Bethléem, pauvres et riches sont ensemble, ceux qui adorent comme les Mages et ceux qui travaillent comme les bergers. Tout se recompose lorsque Jésus est au centre.
Alors bergers et mages se tiennent ensemble dans une fraternité plus forte que toutes les catégories. Ensemble, ils adorent Jésus.
Que l’Enfant Dieu nous décentre de nous-même, qu’il soit le centre de notre vie ; et fasse de nous une Église adoratrice, pauvre, fraternelle ; une Eglise heureuse de préserver bien vivante la lumière de Jésus qui depuis ce premier Noël brille dans le monde.
Amen