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La Paroisse
Homélie de la nativité du Seigneur
Homélie de la nativité du Seigneur
© L'adoration des bergers - Bartolome Esteban Murillo

| Jean-Marc Lavigne 1000 mots

Homélie de la nativité du Seigneur

Par le diacre Baptiste POCHULU (étudiant à Rome et présent sur notre paroisse durant les périodes de vacances).

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Bergers.jpg © les bergers
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Frères et sœurs, 

 

        Nous voici arrivés en cette sainte nuit de Noël ! Comme nous l’avons entendu dans la première lecture : « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! » (Is 9, 5) Et c’est pour nous chrétiens, mais pour tout homme, un motif de joie, un motif d’action de grâce au Seigneur, pour le don qu’Il fait à ceux qu’Il aime. Depuis que nous sommes entrés dans le temps de l’Avent nous n’avons plus entendu le Gloria. Mais cette nuit, avec nous, toute la cour des anges chante le cantique céleste. 

        Pendant quatre semaines nous nous sommes préparés à ce grand événement. Il y a eu certes l’achat des cadeaux, la préparation de la table ; mais il y a eu aussi notre préparation spirituelle, notre préparation religieuse, notre préparation chrétienne. C’est cette préparation qui nous dispose à accueillir cette nuit Dieu qui se fait homme parmi nous, gage déjà de notre salut. Cette préparation n’est-elle pas l’image de notre veille ? De notre veille dans la Foi pour rencontrer, retrouver et vivre avec le Seigneur qui est né cette nuit et qui revient encore ? 

        Dans l’Évangile, à de nombreuses reprises le Christ nous parle de cette veille dans la nuit… Les serviteurs qui attendent le retour du maître de maison, ou ces jeunes filles attendant l’époux. Et ce soir, les bergers qui veillent dans la nuit sur leur troupeau. Comme le Seigneur nous le dit Lui-même, la veille est l’attitude du chrétien par excellence. Cette nuit encore, l’Église, en nous donnant l’exemple des bergers, nous rappelle que la veille est de tout temps. Peut-être devons-nous profiter de ce Noël pour renouveler, raviver ou encore retrouver notre désir d’être des veilleurs. En somme, de mettre en œuvre ce à quoi le Seigneur nous appelle pour notre monde. 

 

        En contemplant la vie des bergers durant cette sainte nuit, il me semble qu’ils nous montrent quatre attitudes pour répondre à notre vocation chrétienne de veilleur. 

        Tout d’abord l’écoute. C’est la première de toutes les attitudes. Et le mystère que nous vivons cette nuit ne peut nous le faire oublier. Il suffit de relire les premières pages de l’Évangile pour voir combien l’écoute de la voix de l’ange est essentielle : il y a l’annonce faite à Zacharie, l’époux d’Élisabeth ; l’Annonciation à Marie ; les annonces faites à Joseph et celle que nous avons entendu ce soir. Que serions-nous devenus si ceux qui nous ont précédés dans l’Histoire du Salut n’avaient pas écouté la voix du Seigneur ? Que seront les générations futures si nous n’écoutons plus la voix du Seigneur ? Certes, nous n’avons pas tous la grâce — moi le premier — de pouvoir entrer en discussion avec un ange. Mais Dieu ne cesse pas de nous parler, et Il le fait dans la prière et par les frères qu’Il met sur notre route. Le veilleur écoute la voix de son maître.

        À cette écoute se joint un sentiment de crainte. En ayant consenti à la voix de Dieu, à son projet, à son appel, la crainte s’empare de ceux que Dieu a choisis. C’est ce qui arrive aux bergers, mais aussi ce qui est arrivé à Marie à l’Annonciation. Forcément, à vue humaine, beaucoup de questions peuvent se bousculer, avec des préoccupations matérielles sur l’avenir et la réalisation d’un tel projet divin. C’est donc une ouverture à l’avenir, et cette crainte témoigne d’une Espérance. 

La crainte est aussi un don de l’Esprit-Saint. En aucun cas elle n’est synonyme de terreur vis-à-vis de Dieu. Bien au contraire, car naissant de notre relation avec Lui, elle est le signe et le gage d’un profond respect pour Dieu. Dans nos vies d’hommes aussi, nous éprouvons du respect pour les autres, au vu de la sagesse et de la confiance qui ont été établies dans notre relation. Et nous savons que ce respect exprime l’amour que nous portons à la personne respectée. Il en va de même avec Dieu… Si nous craignons Dieu, c’est que nous le respectons ; et si nous le respectons, c’est que nous l’aimons. Le veilleur respecte et s’inquiète du retour de son maître.

        Que ne ferions-nous pas par amour ? Et même en toute hâte ! Voilà la troisième attitude de nos bergers. Elle a été aussi celle de Marie après l’Annonciation qui part chez sa cousine Élisabeth, celle des premiers disciples que Jésus appelle et qui le suivent en quittant tout à l’instant même. Pouvons-nous imaginer qu’ayant reçu un tel message, une telle annonce, nous restions les bras ballants ? Quand le Seigneur visite ainsi le cœur de ses fidèles, la joie pousse donc à aller de l’avant, à réaliser le projet et à voir ce que le Seigneur nous invite à découvrir. Le veilleur court vers son maître.

        Enfin, ce cœur débordant de joie retourne au Seigneur dans la louange, la bénédiction et l’action de grâce. C’est le tressaillement de Jean dans le sein d’Élisabeth ; c’est la Magnificat de Marie ; c’est l’adoration silencieuse de Joseph et des bergers devant ce divin enfant ; c’est le pécheur pardonné, le malade guéri et le blessé relevé après sa rencontre avec le Seigneur ; ce sont les disciples envoyés deux par deux sur les routes de Galilée et de retour auprès du maître ayant vu les prodiges qui se sont accomplis par leurs mains en étant fidèles à la promesse du Seigneur ; c’est la réponse à la demande du Christ de prier sans cesse. Le veilleur demeure fidèle dans la joie de son maître.

 

        Saint Augustin conclut ainsi l’un de ses sermons sur la Nativité : « Dieu pouvait-il faire briller sur nous une grâce plus grande que celle-ci : son Fils unique, il en fait un fils d’homme et, en retour, il transforme des fils d’hommes en fils de Dieu ? Cherche où est le mérite, où est le motif, où est la justice, et vois si tu découvres autre chose que la grâce. » 

Chers amis, en cette sainte nuit de Noël, Alors qu’un nouveau jour commence, tachons d’être de bons, de saints, de fidèles veilleurs dans la demeure du Seigneur. 

Amen. 

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