" Notre périple durera plusieurs mois pour traverser le continent américain du nord au sud. Voyages fractionnés réalisés « en solo et sac à dos » à partir des années 1970."
La Vallée Sacrée des Incas, environs de Cuzco « nombril du monde »
L’ancienne capitale des Incas constitue un bon centre pour découvrir les environs. Suivant leur localisation, c’est à pied, en bus, en camion ou en train que nous pourrons aller les admirer.
Kenko, Pukapukara, Tambo Machay
Si on est un bon marcheur, autant profiter de la journée pour, à travers les sentiers dans la montagne, partir à la découverte d’autres sites incas importants, dont les lieux sacrés de Kenko et Pukapukara (ou Puca Pukará). A Pukapukara il s'agit des ruines d'une construction militaire ayant fait partie du système de défense de Cuzco sous l'Empire inca. La forme des pierres sculptées rappelle avec un peu d’imagination certains animaux tels que grenouille ou tortue. Seul dans la montagne j’ai découvert quelques larges pierres évasées dont la forme générale m’a rappelé celle des sarcophages (comme chez les Romains). Personne ne les évoque, pas même les Indiens. Alors, simple curiosité de la nature due à l’érosion ?
Kenko (ou Q’enqo en langue quechua pour désigner labyrinthe et zig-zag) est perché à six kilomètres au nord de Cuzco à 3580 mètres. Un sanctuaire, un amphithéâtre, des galeries souterraines, le rendez-vous d’adorateurs d’Inti, le dieu soleil ou Pachamama, la déesse de la terre ?
Toujours dans la Vallée Sacrée, à huit kilomètres de Cuzco, le site de Tambo Machay est bien connu et sacré. Il s’agirait d’un ancien « bain de l’Inca ». L’eau coule abondamment, ruisselle entre les pierres polies depuis des centaines d’années par son écoulement.
Assez marché pour aujourd’hui. Retour à Cuzco dans la benne d’un camion, contre quelques pièces de monnaie.
Pisac
C’est le dimanche qu’il est préférable de se rendre au village de Pisac, perdu dans la montagne à 33 kilomètres de Cuzco, à 3450 mètres au-dessus du niveau de l’océan. Une heure dans un vieux bus bondé car aujourd’hui se tient un des plus importants marchés de la région (avec celui de Chincheros, moins fréquenté par les touristes). Le « plus » de Pisac ? Des ruines imposantes situées au sommet d’une montagne qui domine le village. Tandis que les bruits du marché, en bas, montent vers les sommets, j’escalade pour ma part les rochers vers le haut. Près de trois heures pour atteindre la forteresse, en longeant des terrains en terrasse où poussent haricots et autres légumes. Comme je l’ai déjà écrit précédemment, la beauté visuelle se mérite ! Les ruines semblent en bon état. Une curiosité, le long des parois abruptes, de nombreuses niches creusées où, semble-t-il les Indiens ensevelissaient leurs défunts. Combien de ces pauvres tombes ont été pillées par des marchands d’antiquité sans scrupules !
Une fois redescendu au village, le marché est toujours animé sous les arbres. Trop de « gringos » à mon goût à cette heure-ci. Les prix vont grimper !
Ollantaytambo
Sur le chemin en direction du Machu Picchu, à 68 kilomètres de Cuzco et seulement 2840 mètres d’altitude, sur les rives de l’Urubamba se dressent les ruines d’Ollantaytambo. Le Bain de la princesse (Baño de la nusta) est en très bon état. Certaines pierres sont de taille gigantesque. Ici aussi la question de leur déplacement, de leur mise en place et de leur ajustage reste posée…
Machu Picchu
Ah, le Machu Picchu ! Qui n’a pas rêvé d’y aller un jour en personne ? Depuis sa découverte en 1911, tous les voyageurs qui s’y rendent en reviennent émerveillés. A pied sur le Chemin de l’Inca, à 112 kilomètres de Cuzco et 2470 mètres d’altitude. Pour les adeptes de la marche en montagne. Encore faut-il avoir le temps et l’entrainement adéquat. Ou alors en train, façon plus rapide qui permet de profiter du paysage tout au long de la descente de la vallée de l’Urubamba. Dans les années 1980 deux trains quotidiens faisaient le voyage depuis Cuzco. Le terminus du train des touristes, luxueux, se trouve à Aguas Calientes, au bas du site. Le train local, plus poussif, plus lent mais plus sympathique et bien meilleur marché continue sa route vers Quillabamba Outre l’intérêt économique (le trajet coûtait à l’époque le quart du prix du train pour touristes) le « train des Indiens » part beaucoup plus tôt et revient beaucoup plus tard, ce qui laisse du temps supplémentaire sur place, sans presque personne polluant le paysage par sa présence, et c’est important pour les photos. Mais la vente des billets est désormais réservée aux seuls habitants de la vallée…
Au juste on ne sait pas avec certitude quelle était la fonction de Machu Picchu : une ville sacrée, une forteresse, une cachette pour les Vierges du soleil, un refuge pour l’Inca après la conquête espagnole ? les avis des spécialistes sont partagés et le resteront sans doute longtemps.
Après la descente du train, il reste encore près de 8 kilomètres par un chemin en zig-zags pour atteindre les ruines. De mon temps c’était à pied ou à dos de mulet. J’ai lu que de nos jours les visiteurs sont transportés en véhicules 4X4. Une erreur fréquente est de confondre Machu Picchu et Huayna Picchu. Le Machu Picchu est le « vieux pic ». Entendez par-là celui qui a été arasé pour y édifier la cité. Le Huayna Picchu est le « jeune pic », c’est-à-dire la montagne qui surplombe de 360 mètres les ruines, d’où sont prises les photographies montrant les ruines. On peut escalader le Huayna Picchu pour une vue différente. Ascension assez dangereuse car l’aplomb dépasse 900 mètres et j’ai bien failli ne pas avoir l’occasion de rentrer pour écrire ces lignes… Une glissade sur des pierres disjointes, heureusement un rattrapage à temps en empoignant le tronc d’un arbuste…
Beaucoup de lieux sacrés à ne manquer sous aucun prétexte au Machu Picchu, même sous la pluie ou dans le brouillard. Et c’est avec un peu de mélancolie que l’on retourne à Cuzco, alors que le soleil se cache derrière les pics avoisinants.
De Cuzco au lac Titicaca
Une dizaine d’heures de voyage en train séparent l’ancienne capitale de l’Inca du lac sacré qu’est le lac Titicaca, berceau de la mythologie inca. C’est en effet sur des îles sacrées de ce lac que seraient nés, il y a fort longtemps, les premiers Incas, d’après les légendes. Grève générale, débuts de soulèvement, barricades. L’armée s’est déployée à Cuzco et c’est sous bonne escorte que le convoi démarre enfin… Le voyage à travers l’Altiplano est loin d’être inintéressant malgré la terre aride. Les paysages sont magnifiques. De temps à autre un troupeau d’alpacas (ou vigognes, ou lamas ?). Lors de chaque arrêt, souvent en pleine campagne, des Indiens se précipitent le long des rails pour proposer souvenirs, artisanat et nourriture. Par moments les sommets des montagnes semblent peu naturels : quelque ruine inca de surveillance de la haute plaine ?
Sicuani et Sillustani
L’altitude maximum de l’Altiplano est de 4314 mètres. Les ruines de Sicuani ne sont plus qu’à 3000 mètres. Un site où le plus intéressant est le temple de Wiraqocha, unique en son genre. Sillustani est un centre très particulier avec des tours funéraires rondes, appelées « chullpa », uniques au Pérou, bâties par le peuple Qolla, des Aymaras eux-mêmes conquis plus tard par les Incas. Sillustani se trouve à 25 kilomètres de Puno, sur la rive du lac Titicaca.
Lac Titicaca (Pérou)
D’après mes notes, à 3812 mètres, nous voici sur la rive du lac navigable le plus haut du monde, alimenté par 25 petites rivières. Le lac Titicaca sert ici de frontière naturelle entre le Pérou et la Bolivie. Sur la rive sud du lac, Puno est la dernière ville péruvienne. Le jour de mon arrivée, elle me parait triste et sale. L’impression sera la même le lendemain. Rien à voir ou à faire à Puno, en dehors d’une visite aux « îles flottantes », sur lesquelles vivotent des communautés indiennes, descendantes des indiens Uros. Plutôt déçu par le lac Titicaca, depuis le temps que j’en avais entendu parler. Heureusement, par chance, quelques femmes avec chapeau haut-de-forme ou chapeau melon sur la tête naviguent sur le lac, debout sur ces barquettes de jonc appelées « totoras ». Comme dans les aventures de Tintin et Milou ! De Puno le train poursuit sa route vers Arequipa et l’Océan Pacifique. On peut aussi, ce que je me propose de faire, prendre un taxi collectif ou un autocar local et, contournant le lac, continuer le voyage en Bolivie.
L’Argentine et la Bolivie sont deux pays que j’aimerais connaître, pour le premier, et mieux découvrir en ce qui concerne le second. Pour des raisons liées à ma famille paternelle. En Argentine, Gregorio Barace et sa future épouse Raimunda Arozamena (ils ne se connaissaient pas - parait-il - alors que natifs tous deux du même petit village d’Isaba/Izaba dans la vallée de Roncal/Erronkariko ibarra en Navarre) s’étaient expatriés au début du 20e siècle. Une dizaine d’années à travailler quelque part dans la Pampa et retour, non pas dans leurs maisons familiales, mais désireux de faire leur vie à Biarritz. Comme ils n’avaient pas fait fortune outre-Atlantique, il leur était difficile de rentrer la tête haute ?
En Bolivie, dont je n’ai pour l’heure découvert que la région du lac Titicaca, et pour partir sur les traces de l’enfant le plus illustre du village d’Isaba, le Bienheureux Père Jésuite Cipriano Barace (Isaba, 5 mai 1641 - † Bolivie, 16 septembre 1702), missionnaire et martyr, fondateur de Trinidad et plusieurs autres villes du département de Beni en Bolivie. Il finit sa vie « criblé de flèches et achevé à coup de machette » à l’âge de 61 ans, dont 27 dédiés à l’évangélisation et la protection des tribus indiennes de l’alors Haut-Pérou, de nos jours territoire de Bolivie. Un devoir de mémoire à accomplir, lorsque possible.