L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a produit un rapport sur l’érosion des sols. Et le constat n’est pas rassurant.
Selon un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, ce sont aujourd’hui près de 33% des terres mondiales qui sont dégradées, avec un impact déterminant sur la production vivrière. « L’érosion emporte de 25 à 40 milliards de tonnes de couche superficielle chaque année, réduisant considérablement les rendements agricoles et la capacité du sol d’emmagasiner et de recycler le carbone, les nutriments et l’eau. Les pertes de production céréalière dues à l’érosion ont été estimées à 7,6 millions de tonnes par an. » Quelles en sont les causes ? Principalement, selon la FAO, la croissance économique et démographique qui pousse à défricher toujours plus de terres, pour produire de la nourriture, et à urbaniser toujours plus de surface.
Comment on tue la terre
Et une terre dégradée est une terre qui nécessite toujours plus de produits chimiques et un labourage toujours plus profond pour maintenir ses rendements. Ces pratiques favorisent elles-mêmes l’érosion et tuent les micro-organismes qui font vivre la terre. Ainsi, l’agriculture semble condamnée à poursuivre sa fuite en avant, sous l’injonction de devoir nourrir la planète. Une solution pour le moins provisoire.
Cette pratique est dénoncé sans relâche par des personnes dont les voix rencontrent de plus en plus d’échos. Ainsi, France 2 a dernièrement consacré un reportage sur « Les soigneurs de terre ». On y voit notamment Claude Bourguignon et son épouse, Lydia, tous deux biologistes, expliquer que notre agriculture intensive « n’est plus de l’agriculture, c’est du massacre ». Pour maintenir les rendements, il en faut toujours plus : « Plus une terre est morte, plus il faut lui mettre d’engrais et de pesticides ». Ce qu’ils dénoncent depuis une trentaine d’années.
Sortir du cercle vicieux
Mais il n’est pas forcément trop tard. Dans le cas de l’agriculture, de nouveaux modèles, moins intensifs et plus respectueux de la planète comme des hommes, voient le jour. La ferme du Bec Hellouin est pionnière en la matière. Grâce aux connaissance actuelles en biologie, il est possible de produire avec des rendements jusqu’à dix fois supérieurs à ceux de l’agriculture intensive, sans pour autant saccager les sols ni utiliser de produits chimique, et tout en étant viable financièrement.
L’usure des sols n’est pas une fatalité, mais en sortir nécessite un changement radical d’état d’esprit. Claude Bourguignon raconte que beaucoup de personnes ne peuvent même pas concevoir l’arrêt de l’usage des produits chimiques, ou du labourage, qui sont pourtant bien pires qu’Attila (dont la légende disait que l’herbe ne repoussait pas derrière lui). Comme l’affirme le pape François dans sa dernière encycliqueLaudato Si’, il est inévitable de passer par « une certaine décroissance ».
THÉOPHANE LEROUX - Aleteia