« la dévotion est à l'amour ce que la flamme est au feu. »
Saint Pierre d'Alcántara, né Juan de Sanabria (Alcántara, 1499 - Arenas de San Pedro, 18 octobre1562) est un réformateur des franciscains et participe à celle des carmélites avec Sainte Thérèse d'Avilla. Il est à l'origine de la spiritualité dite déchaussée,
… Juan, après avoir étudié la grammaire dans sa cité natale, se rend à Salamanque pour y compléter sa formation à l'université. Entre 1511 et 1515, il se consacre successivement aux arts libéraux, à la philosophie et au droit canon. En 1515, il est admis chez les franciscains de la custodie du Santo Evangelico, Pour commencer, Juan accomplit son noviciat, sous la direction de Francisco de Fregnal, à Caceres, au couvent San Francisco de los Majaretes.
… À sa profession religieuse, il reçoit le nom de Pierre, auquel on ajoute, selon la coutume franciscaine, le lieu d'origine. ... En 1522, il est ordonné sous-diacre, en 1523 diacre, et prêtre en 1524.
Pour comprendre la situation complexe de l'ordre franciscain à l'époque du saint, il paraît utile de rappeler brièvement qu'à la fin du Moyen Âge, cet ordre est traversé par un désir de réforme, qui provoque en son sein une division entre les conventuels, attachés aux traditions en vigueur, et ceux qui deviendront les observants, désireux d'une application plus rigoureuse de la règle.
En 1517, le pape Léon X, par la bulle Ite et vos in vineam, regroupe tous les essais de réforme sous l'appellation d'Observance, sépare les observants des conventuels, et confie la juridiction de l'Ordre au ministre général des premiers. C'est ainsi que le couvent où était entré Pierre en 1515, s'est trouvé rattaché, en 1517, à l'Observance de la province de Santiago. Attestés dès 1480, les observants espagnols, appelés aussi déchaux (parce qu'ils proviennent d'une branche italienne réformée ainsi dénommée), prendront, à la mort de Pierre d'Alcantara, le nom d'alcantarins, en hommage au saint qui avait réussi à réconcilier, dans une même réforme (1577), les deux tendances religieuses.
… À partir de 1557, Pierre relève de la custodie de San José, pour laquelle il obtiendra du pape Pie IV le rang de province, en 1561. Dès 1555, en effet, il avait demandé la permission de se retirer dans la solitude, à Santa Cruz de Paniagua (Caceres)... Deux ans plus tard, il est élu Commissaire général des conventuels réformés.
… jusqu'en 1561, il fonde quatre couvents...
Après avoir assisté à un ultime chapitre général en 1559, Pierre d'Alcantara meurt chez son médecin, à Arenas, le 18 octobre 1562.
Organisateur de la vie consacrée et animateur de la vie intérieure, il aura rénové le franciscanisme espagnol, en développant de petites communautés de huit religieux, très pauvres et très austères, qui ne consacraient pas moins de trois heures par jour à l'oraison.
Vers 1560, sainte Thérèse d'Avila fait la connaissance de Pierre d'Alcantara... Comme elle s'en explique dans son autobiographie, cette rencontre, à l'aube de ses grands réalisations pour le Carmel, devait marquer toute son existence.
C'est d'abord à l'expert en spiritualité qu'elle s'adresse, et celui-ci lui garantit l'authenticité de ses premières expériences mystiques, pour les avoir lui-même connues, et s'en porte garant auprès des directeurs de la sainte.
Une autre fois, c'est l'organisateur de la vie religieuse, qui la soutient dans son projet de fonder à Avila un monastère réformé où se pratiquerait la pauvreté, la solitude et le silence, c'est-à-dire d'emprunter une orientation ascétique inspirée de celle adoptée par les franciscains déchaussés. À ce propos, Pierre d'Alcantara déterminera l'évêque d'Avila, Alvaro de Mendoza, à protéger fidèlement Thérèse dans sa rupture avec les carmes chaussés.
Le récit de ces contacts avec le franciscain, fournit d'ailleurs à la sainte l'occasion de brosser un portrait assez impressionnant, voire effrayant, de Pierre d'Alcantara. Sans doute s'agissait-il tout à la fois de montrer la conformité du saint aux plus rudes exigences de la réforme, et de préparer sa canonisation, dont le procès s'ouvrira à Arenas en 1601. C'est ainsi que Thérèse affirme avoir bénéficié de la vision posthume de son conseiller, nimbé de la gloire céleste que lui avait valu une vie de pénitence.
Une certaine outrance de l'hagiographiebaroque ne doit pas faire oublier les vertus plus accessibles de Pierre, car celui-ci fut, avant tout, « calme et prudent, pauvre et généreux, disponible et obéissant, humble et magnanime, pénitent et accueillant »
L'œuvre écrite de Pierre d'Alcantara baigne dans l'atmosphère platonico-augustinienne du siècle d'or de la mystique espagnole. Elle se caractérise toutefois par l'accent mis sur la pauvreté, la pénitence et la prière : il s'agit de vivre l'idéal de la descalcez, qui se présente comme une spiritualité active et missionnaire, sensiblement différente de l'orientation quiétisante prise par le mouvement concurrent de la capucha.
Cette spiritualité va trouver son expression la plus accomplie dans le Tratado de oracion y meditacion, à travers lequel l'auteur cherche à atteindre, non sans hardiesse, un public pauvre en moyens et en temps, auquel il livre, non un savant traité de théologie, mais un enseignement solide et complet sur l'oraison, sous forme d'un manuel, dans lequel il condense, sur la base des instructions de son ami dominicain Louis de Grenade, l'essentiel de son expérience dans le domaine de la prière et du discernement.
L'ouvrage se compose ainsi de deux parties : d'une part, les voies purgative et illuminative ( … conseils traitant respectivement de la méditation et de l'oraison) d'autre part, la voie illuminative (… vues sur la notion de dévotion, selon une thématique reprise à Thomas d'Aquin).
Dans la première partie, … Il convient de souligner, en passant, que les premiers sujets correspondent aux méditations du soir chez Louis de Grenade et aux deux premières semaines des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola(qu'Alcantara connaît peut-être), tandis que les derniers sujets fournissent les méditations du matin chez Louis de Grenade et les troisième et quatrième semaines chez Ignace. Ensuite, l'auteur expose les six parties de l'oraison : préparation, lecture, méditation, action de grâce, offrande et demande; il s'inspire ici de Francisco de Osuna, mais aussi de Louis de Blois-Châtillon ;
Enfin, au terme d'une série de conseils spirituels, Pierre d'Alcantara en arrive au stade de la contemplation acquise, puisqu'à travers un exercice mêlant méditation et contemplation, il propose de pratiquer l'oraison de simplicité. Une fois la vie intérieure posée sur ces fondements, la deuxième partie montre comment l'entretenir de manière à favoriser la dévotion, dont l'auteur souligne qu'elle est à l'amour ce que la flamme est au feu.
Source : wikipedia