Homélie du dimanche de la Pentecôte 23
Dans le coin d'une rue grouillante de monde, un clochard essaie vainement d'attirer l'attention des passants en jouant d’un violon désaccordé. Peine perdue ! L'indifférence est totale. Aucun regard ne s'arrête sur lui, et personne ne songe à déposer quelques piécettes dans sa gamelle désespérément vide. Arrive un homme élégamment vêtu qui lui demande gentiment de lui prêter son instrument, rien que pour un instant. Le mendiant s'exécute avec empressement, espérant recevoir en retour une petite gratification. De ses doigts d'expert, le monsieur accorde le violon et se met à jouer d'une manière si admirable que bien vite les foules s'attroupent autour de lui. Les pièces s'amoncellent dans la gamelle, à la grande joie du clochard qui bondit sur ses pieds et se mit à clamer : ''C'est mon violon ! C'est mon violon !
Amusée par la fébrilité de cet homme qui se couvre de la gloire d'autrui, la foule lui répond : "C'est bien ton violon mais il est à présent dans d'autres mains.''
Tout dépend, en effet de celui qui le joue.
Quand l'Esprit Saint prend les commandes !
Chers amis, l'histoire que nous venons d'entendre nous fait penser à la situation des apôtres le jour de la Pentecôte : aux lendemains de la résurrection, les apôtres avaient peur des Juifs. Puis soudain, survint du ciel un bruit, pareil un violent coup de vent, et l'Esprit se posa sur les disciples tout comme des langues de feu. Alors les disciples se mirent à parler en différente langues. A la Pentecôte, les disciples reçoivent l'Esprit, l'Esprit aux dons multiples.
L'Esprit de la Pentecôte, la Ruah du Seigneur est un esprit de puissance et de force. Quand on parle de puissance, cela me fait penser au peuple Hébreu en fuite de l'Egypte. Pourchassé et rattrapé par l'armée de Pharaon, au bord de la mer rouge, le peuple râle après Moïse. Celui-ci, sous l'ordre du Seigneur, étendit sa main et fendit la Mer Rouge en deux.
L'Esprit de la Pentecôte est aussi un Esprit d'unité. Sa présence rassemble les hommes de toutes langues, races, peuples et nations. Qu'il nous souvienne le nombre pléthorique de gens issus d'horizons divers et réunis sous la mouvance de cet Esprit : '' Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d'Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l'Egypte et des contrées de Libye proche de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendions parler, dans nos langues, des merveilles de Dieu. »
L'Esprit qui souffle sur les apôtres à la Pentecôte est un esprit fédérateur de nos talents. Il nous oriente vers la communion et le service mutuel. Saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, exalte les bienfaits de cet esprit, ses effets sur tous les membres de la communauté. Saint Paul exprime cela en comparant la communauté chrétienne à un corps qui forme un tout malgré la pluralité de ses membres. L''église aussi forme un tout, dans la diversité des fidèles. Mais tous les fidèles qui constituent les membres de ce corps qu'est l'Eglise sont appelés à fédérer leurs talents, leurs potentialités en vue du bien, et de l'harmonie de tous. Tous autant que nous sommes, nous avons besoin les uns des autres pour l'équilibre de la communauté. C'est en fusionnant nos aptitudes, nos charismes que nous pourrions bâtir un monde plus uni et plus fraternel.
Chers amis, l'unité, la fraternité, la fusion des charismes ne peuvent être possible que sous l'action agissante de l'Esprit Saint.
Dans l'évangile de ce jour, le Christ ressuscité dit aux disciples : Recevez l'Esprit saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. "Que la grâce de l'Esprit Saint, Esprit d'unité, d'amour et de joies, Esprit dispensateur des grâces divines, Esprit fédérateur de nos talents, de nos potentialités diverses, féconde chacune de nos vies. Amen
